Légumes : Bonduelle est de moins en moins chez les Ch’tis
«La France ne représente plus que 35% de notre chiffre d'affaires, contre 40 à 45% les années précédentes, c'est une vraie rupture probablement pérenne», a déclaré Christophe Bonduelle, p-dg du groupe éponyme, hier, lors de la présentation des résultats semestriels du groupe. Avec l'acquisition du canadien Carrière qui pèse 17% dans le chiffre total du groupe (de 756 M Eur sur le premier semestre 2007/2008) Bonduelle se qualifie désormais lui-même de groupe international et s'en félicite. «Notre acquisition en Amérique du Nord se confirme comme une acquisition très “relutive”(ndlr : qui accroît le bénéfice par action, en langage financier) », précise l'industriel, avançant les différences de rentabilité entre l'Union européenne (3,4% de résultat opérationnel courant) et l'Amérique du Nord (13,3%), le reste du monde affichant un 19,1%. Autres chiffres «chocs» : la zone hors UE représente 25% du chiffre d'affaires du groupe et 60% de son résultat. Malgré une remontée de l'activité en France, avec des ventes en progression de 7% sur le premier semestre (grâce notamment à une bonne performance de la marque Cassegrain), le groupe nordiste projette de plus en plus son développement à l'international. Sans évoquer explicitement de nouvelles croissances externes, Christophe Bonduelle tient à souligner que le groupe dispose de 200 millions d'euros à investir.
Évolution à l'Est
D'ores et déjà, Pierre Deloffre, directeur général de Bonduelle, a annoncé qu'après 2008 «l'évolution du dispositif industriel à l'Est serait à l'étude». L'usine russe de Krasnodar arrive à capacité maximale et, alimentée par des fermes que l'industriel possède en propre, elle présente la meilleure rentabilité du groupe. On ne peut pas en dire autant pour les sites français du groupe. Si pour cette campagne, Christophe Bonduelle assure disposer de surfaces suffisantes, les montants des contrats actuellement passés avec les agriculteurs sont en hausse de 20 à 25% sur les légumes verts (par rapport à l'année précédente) et 50% sur le maïs (contre +35% «seulement» en Hongrie). Cette envolée des contrats devrait se traduire dans les prix de vente par une hausse d'environ 8% l'été prochain. «On n'a pas le choix», affirme Christophe Bonduelle. Devant les alternatives alléchantes qui s'offrent aux agriculteurs, nordistes principalement, et la pression qui s'exerce sur le marché des légumes, l'industriel n'exclut pas à terme de devoir déplacer ses approvisionnements vers le Sud de la France. «A moyen terme il y aura forcément de nouvelles fermetures d'usines», souligne par ailleurs Christophe Bonduelle.