L’Efsa renforce sa garde contre l’antibiorésistance
L’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) souhaite éclaircir le rôle des aliments dans notre exposition à l’antibiorésistance. Dans un avis tout juste publié, elle souligne que « l’utilisation d’agents antimicrobiens en élevage et dans l’industrie agroalimentaire favorise l’émergence de bactéries résistantes qui peuvent être véhiculées jusqu’à l’homme via l’alimentation ». Son panel sur les risques biologiques (Biohaz) lance une consultation publique et cherche des données scientifiques complémentaires sur le sujet, avec une date limite fixée au 27 mai prochain.
L’antibiorésistance est un problème croissant, à mesure que les antimicrobiens deviennent moins efficaces pour combattre les infections chez l’homme. Cela coïncide avec une résistance croissante des bactéries dans les populations animales. Les Salmonelles et Campylobacter résistantes, qui affectent l’humain, sont principalement transmises par les aliments. On les trouve surtout dans la volaille, les œufs, le porc et le bœuf. La contamination lors de la préparation, la manipulation, le process des aliments frais à l’usine, par exemple des salades, est aussi en cause. Par ailleurs, Biohaz considère que les aliments d’origine animale peuvent être une source d’infection au Staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM). Cela pourrait représenter un risque émergent. Les éleveurs de porcs et les ouvriers d’abattoirs sont particulièrement exposés, en plus des patients d’hôpital.
Les recommandations
L’Efsa avance quelques recommandations. Elle suggère la mise en œuvre de nouvelles approches pour la reconnaissance et le contrôle de l’alimentation vecteur de bactéries et de gènes concernés par l’antibiorésistance. Plusieurs cibles prioritaires sont définies : les aliments frais d’origine végétale, les viandes brutes de volaille et de porc. « L’utilisation de données épidémiologiques donne un niveau de sensibilité approprié, pour mesurer le développement de la résistance chez une bactérie, souligne l’agence. Tandis que ces critères ont été harmonisés pour un usage à la fois en médecine humaine et vétérinaire dans l’UE, ils pourraient maintenant avoir besoin d’être révisés. Des mesures spécifiques de dénombrement, chez des bactéries pathogènes connues, des résistances actuelles et à venir aux fluoroquinolones ainsi qu’aux céphalosporines de troisième et quatrième génération, présentes dans divers aliments et chez des animaux, requièrent maintenant d’être définies et mises en place de manière prioritaire. Comme la source principale d’exposition de l’homme à la résistance aux fluoroquinolones par l’alimentation apparaît être la volaille, alors que pour les céphalosporines ce sont la volaille et le porc, ces produits alimentaires exigent une attention particulière pour prévenir l’expansion de telles résistances », conclut l’EFSA.