L’Education nationale se fait tirer l’oreille
Le Comité de coordination des collectivités, représenté par son président Jean-Lou Germain, a été reçu dernièrement par François Fillon, ministre de l’Éducation Nationale. Cette rencontre a été l’occasion pour M. Germain de demander l’engagement du ministère sur plusieurs points, dont le PNNS (qui est une initiative du ministère de la Santé), et la circulaire de juin 2001 qui oriente la composition de repas servis en restauration scolaire. « Si le ministre admet le rôle éducatif de la restauration scolaire, il faut que lui-même et son administration se sentent concernés », estime M. Germain.
Au moment où le personnel des établissements, loi de décentralisation oblige, est désormais subordonné aux collectivités territoriales, la demande d’un relais de l’Éducation nationale est forte. « Nous faisons le constat de nombreuses initiatives en matière de restauration scolaire, mais elles sont majoritairement isolées », observe M. Germain, qui souhaite une meilleure coordination, et mettre des outils à disposition. Sur la circulaire de juin 2001, qui fixe la fréquence et la composition des repas, un travail important reste d’ailleurs à faire, comme l’a démontré l’étude réalisée par l’UFC Que Choisir parue la semaine dernière.
L’association de défense des consommateurs a ainsi pointé du doigt la dégradation des menus servis dans les écoles du primaire et du secondaire, une situation malheureusement prévisible devant l’absence d’obligation d’application de la circulaire de juin 2001. « Ce texte doit avoir force de loi. Nous souhaiterions qu’il ait une portée similaire à la norme HACCP », explique Jean Lou Germain, rapporteur de l’avis n° 47 du CNA (Conseil national de l’alimentation) qui préconise l’établissement d’un caractère législatif pour ladite circulaire. « Car aujourd’hui il y a des recommandations, mais on fait ce que l’on veut…».
Un interlocuteur au cabinet du ministre
L’objectif du CCC est d’obtenir un relais au sein de l’éducation nationale, pour attirer l’attention des recteurs et des chefs d’établissement sur la thématique de la restauration, considérée comme un thème annexe, alors que M. Germain demande sa reconnaissance « comme un service public à part entière ».
Dans le registre des doléances figure également le regret d’une absence de reconnaissance officielle des fonctionnaires chargés de l’animation des groupements de commandes, un état de fait qui « nuirait à la qualité de l’achat», selon le CCC. L’entrevue avec le ministre a également porté sur le prix des repas, qui est bloqué pour les demi-pensionnaires et que certaines collectivités aimeraient pouvoir augmenter, pour améliorer leur qualité.
Devant ces nombreuses demandes, le ministre a délégué un membre de son cabinet comme interlocuteur auprès des collectivités, un geste inédit que l’on peut qualifier au choix de petit pas ou de première encourageante. Sollicité pour présider les assises nationales de la restauration collective en gestion directe, le ministre s’est déclaré d’accord sur le principe, une position plus qu’appréciable pour le CCC. « Si cela se concrétisait, ce serait un signe fort de l’implication de l’Éducation nationale dans la thématique de la restauration scolaire. Et cela pourrait entraîner son administration dans ce sillage ».