L’écart MDD - marques s'est réduit en 2007
Pendant que Michel Edouard Leclerc franchissait une étape dans la guerre des prix, en publiant hier des menaces de déréférencement dans une nouvelle campagne de publicité, l'Ilec présentait les efforts des grandes marques en matière de modération tarifaire. Selon les données fournies par les grandes marques adhérentes de l'Institut, le prix de cession (triple net) des industriels s'est établi à un indice de 105,4 en 2007, contre 105,1 en 2006. En tenant compte de l'inflation, c'est-à-dire en euros constants, l'indice a même régressé de 91,1 à 89,6 (base 100 en 1998).
Cette copie favorable aux grandes marques, mise sur le compte du succès de la loi Dutreil, se double d'un second phénomène ; la réduction de l'écart de prix entre MDD et marques nationales. « Depuis 2006, les MDD deviennent inflationnistes » a observé le président de l'Ilec Olivier Desforges. Si en sortie de caisse les grandes marques se sont payées 2% de plus fin 2007 l'évolution a atteint +3,9% pour les MDD (source Iri). Et pour inverser le discours des distributeurs sur le pouvoir d'achat et l'impossibilité de baisser les prix, M. Desforges a stigmatisé une répartition toujours plus inégale de la valeur (le prix consommateur) entre industriel et distributeur sur les produits de marque. Sur une référence vendue 100 en 2007, la marge du distributeur a représenté 36%, contre 64% pour le prix de cession de l'industriel. Un an plus tôt, le ratio était 35/65, et même 26/74 en 1998. « Il appartient au distributeur de choisir son niveau de marge. Le jeu est complètement ouvert » a ajouté Olivier Desforges, convaincu que les mois à venir vont connaître une concurrence accrue à l'intérieur des zones de chalandise.
Coup de fil de Bercy
Interrompu en pleine présentation de ces résultats par un appel de Bercy relatif à la campagne de Leclerc, le président de l'Ilec a déclaré : « ce stade-là, on ne peut plus rester inactif indéfiniment ». La riposte est donc envisagée, mais elle mettrait de l'huile sur le feu alors que sont engagées les discussions sur la loi de modernisation de l'économie, qui étudiera la négociabilité des tarifs.
Sur ce point, les grandes marques demandent le maintien d'un tarif de départ dans la négociation, la négociabilité n'étant possible qu'avec des contre parties bien définies, une condition sur laquelle butent les distributeurs. Cependant, les deux parties sont d'accord sur plusieurs points relatifs à la modernisation des relations commerciales, à commencer par la dépénalisation. Industriels et GMS demandent que les écarts soient sanctionnés au civil plutôt qu'au pénal. Ils estiment également nécessaire de « vidanger la coopération commerciale », un terme lancé par Jérôme Bédier, en l'intégrant dans les accords sur facture.