Le vin français manque de compétitivité
La France reste derrière ses deux voisins espagnols et italiens en termes de compétitivité sur le marché mondial du vin, selon la dernière étude de veille concurrentielle menée par Viniflhor et rendue publique lundi au Sia. « La France est encore en troisième position grâce à un bon potentiel viticole, des performances commerciales acceptables sans être extraordinaires et un soutien collectif conséquent. Mais une dynamique éprouvée par la crise lui ferme les portes des toutes premières places », note l’office en conclusion de l’étude. Les faiblesses de la France se situent essentiellement du côté du potentiel de production. Alors que l’Espagne et l’Italie voient leurs rendements progresser (respectivement +31 % et +4,5 % entre les moyennes 1995-2000 et 2000-2005), la France combine baisse de la surface de son vignoble et recul des rendements (-5 % sur la même période). Un phénomène qui agit forcément sur les coûts de production du vin en France. Par rapport à un indice 100 (basé sur la moyenne pondérée de 15 pays producteurs), le prix du raisin en 2006 en France s’élevait à 173 (124 si l’on exclut le champagne) contre 152 pour l’Italie et 47 pour l’Espagne.
Des opérateurs trop petits
« La capacité des opérateurs à conquérir le marché » est un autre facteur de compétitivité sur lequel Vinifhlor ne classe la France qu’en 6e position. Seuls Castel et Grands Chais de France se situent parmi le top 10 des volumes commercialisés par les grands groupes mondiaux en 2006. Mais avec respectivement 375 et 400 M de bouteilles, les deux Français sont loin derrière les 780 M et le 1 Md de bouteilles de Gallo ou Constellation. Alors que le même Constellation possède en propre quelque 15 000 ha de vignoble, en France les rares grands groupes possèdent au maximum entre 1500 et 3000 ha de vigne en propre. Cet éclatement de la filière se traduit dans les niveaux de prix pratiqués en départ chai (de 2,26 euros la bouteille hors champagne) 46 % supérieurs en France que le prix moyen export monde.
Malgré tout, la France a connu une belle année à l’export en 2007, avec un chiffre record des ventes établi à 9,34 milliards d’euros (lire LM du 21/02). Une performance en partie due au succès des vins de pays de cépages français à l’étranger, a souligné lundi au Sia, Georges-Pierre Malpel, directeur de Viniflhor. « Mais attention, l’an dernier nous avons bénéficié d’un effet général de baisse de la production », a-t-il ajouté.
Pour rattraper l’Espagne et l’Italie, la France peut encore faire des efforts en termes de compétitivité. Le regroupement des opérateurs devrait faire l’objet de propositions du groupe de travail piloté par Yves Benard, président du comité national de l’Inao, dans le cadre du plan de modernisation de la viticulture française, annoncé par Michel Barnier. « Le rapport d’étape est en train d’être formalisé », a précisé lundi le directeur de Viniflhor.