Le vignoble bordelais prépare une année charnière

Au 1 er juillet, le monde du vin va connaître un bouleversement, avec la modification des agréments et notamment l'entrée des négociants dans les ODG (organismes de défense et de gestion), alors que seuls les déclarants de récolte y figuraient jusqu'ici. Ce changement, ainsi que d'autres, doit notamment permettre de placer le vin au plus près du consommateur, devenu un véritable enjeu compte tenu de la concurrence mondiale.
Sur ce point, les Bordeaux et Bordeaux supérieur ont présenté jeudi leur bilan 06/07, marqué par une éclaircie après plusieurs années difficiles. Lors de cet exercice, le meilleur depuis 5 ans, l'embellie des exportations s'est confirmée. Et sur les 5 premiers mois de la campagne 07/08, « le contexte est plus serein » a indiqué aux Marchés Rémi Garuz, vice-président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur. « Il y a un rééquilibrage de l'offre. On constate cependant, en vrac, que les prix sont toujours trop bas, mais ils se revalorisent ». En dehors des frontières, l'export est particulièrement dynamique, notamment en Russie et dans les pays d'Europe de l'Est. Sur les Etats-Unis ou le Canada, les taux de change ne sont pas très pénalisants, car le coeur de marché est composé de bouteilles vendues départ cave, entre 2,5 et 3 euros. Avec les nouveaux défis à venir, le syndicat a travaillé sur un système de régulation par une mise en réserve. Les producteurs du Bordelais souhaiteraient ainsi pouvoir stocker, pendant 2 ans, une partie des volumes produits au-delà des rendements maximums autorisés, « pour pallier à d'éventuels déficits sur les années suivantes ».
Ce procédé pourrait être opérationnel en 2009. Le syndicat travaille également à la revalorisation des vins de l'AOC Bordeaux Supérieur, avec la volonté de transformer l'intitulé en Bordeaux 1 er Cru, un terme « directement compréhensible par les consommateurs du monde entier ». Pour assurer l'indépendance des contrôles externes sur les vins (en bouteille), Quali Bordeaux a été créé et constitue un élément de plus dans la profonde modification qui touche l'univers des vins AOC.Tous ces changements ne seront toutefois efficaces « que si le vin retrouve sa place dans la société » a jugé Bernard Farges, président du syndicat des Bordeaux et Bordeaux Supérieur, qui observe d'un œil inquiet les récentes victoires remportées l'Anpaa (Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie).