Le sursaut de l’AOC Maroilles
        
      
      
      Jean-Marie Sculfort, le maire de Maroilles, avait assisté, impuissant, à la disparition de la ferme Largillière en 1997 dans sa petite commune de Thiérache du Nord. Avec elle, disparaissait le dernier producteur de maroilles de sa commune éponyme : un comble ! Quelques années auparavant, le département du Nord avait assisté également au transfert de la production de fromages vers le département voisin. En effet, le groupe Bongrain avait fermé en 1993 la laiterie Fauquet Fauquet et Leduc sont actuellement les deux seuls manufacturiers producteurs de maroilles. Ils totalisent à eux deux 93% des fabrications, dont 1550 tonnes sont fabriquées par Les Fromagers de Thiérache sous la marque Fauquet. Quatorze producteurs fermiers, installés à la fois dans le nord et l’Aisne, se répartissent les 7% restants en production de maroilles fermiers et en affinage de fromages. implantée à Avesnelles (59) rachetée en 1989 et transféré toutes les activités au Nouvion-en-Thiérache (02). Avec Fauquet, Leduc et Lesire, l’Aisne comptait ainsi les trois seuls industriels produisant annuellement environ 2000 tonnes de maroilles. Mais ce fromage à pâte molle et à croûte lavée n’arrivait pas à faire exploser les frontières de sa commercialisation !
En janvier 1998, le maire de Maroilles, appuyé par quelques élus locaux, décide alors de créer un outil de développement qu’il baptise « Fromageoscope ». Ni musée, ni lieu commercial, les élus locaux veulent en faire un lieu d’animation pour leur fromage. Mais l’idée du Fromageoscope est lancée quelques semaines avant que ne surgisse la crise de la listéria le 15 avril 1998. La production de maroilles chute aussitôt de 9% et le projet prend du retard Un plan de relance du maroilles sera décidé en 1998 avec notamment comme objectif la production annuelle de plus de 3000 tonnes de fromages en 2006. Objectif quasiment atteint aujourd’hui.. C’est l’époque également où le groupe mayennais Lactalis, décide de fabriquer du maroilles Lanquetot (500 tonnes par an) et de produire du lait biologique sous la marque Lactel. Le projet de Lactalis est stoppé net. Officiellement, pour cause de Listeria. Au pays du maroilles, ne fabrique pas le plus fin des fromages forts qui veut !
Bongrain avec « Les Fromagers de Thiérache » qui commercialise près de 60% du maroilles, combattra le projet de Fromageoscope puis de maison du maroilles. « Le groupe Bongrain est opposé à ce projet », expliquait Patrick de Coatpont au moment de célébrer les 80 ans de la marque Fauquet en juin 2005. Le directeur de la laiterie du Nouvion parlait alors de concurrence déloyale. Pour 70 tonnes de maroilles comparées aux 3000 tonnes aujourd’hui mises en marché !
 
        
     
 
 
 
 
 
