Le sucre sème le doute sur l'allégé
Les téléspectateurs ont certainement gardé en mémoire la publicité pour la défense du sucre de l'an dernier : dans un contexte de prohibition, des cuisiniers étaient conduits sans ménagement dans un panier à salade. Cette année, la Collective du sucre ne tourne plus en dérision cette forme de prohibition que s'impose la société mais attaque insidieusement ceux qui en tirent profit, en suggérant qu'ils engagent le consommateur dans le domaine peu rassurant de la contrefaçon. Elle lance une « campagne d'information » dans la presse et à la radio, à nouveau conçue par Publicis Conseil, dont le message est « Quand on enlève du sucre, savez-vous ce qu'on met à la place ?»
Trois produits fictifs vont apparaître dans les journaux : une boîte de biscuits, les « moelleux de tante Marcelle » au Xanthane, une tablette de chocolat, le « Poulpo au Polydextrose » et une boîte d'entremets à la NHDC. Ces noms qui paraîtront barbares aux lecteurs sont ceux de produits licites couramment employés dans les produits alimentaires pour se substituer aux fonctions texturantes du sucre, ce dernier n'étant pas seulement un édulcorant.
Des messages plus didactiques
S'ils sont tout à fait inoffensifs pour la santé aux doses introduites, la Collective du sucre évoque leur caractère artificiel : une laborantine figure sur le paquet de biscuits manipulant un inquiétant liquide vert ; le poulpe du chocolat Poulpo tient un tube à essais dans ses tentacules et une usine fumante illustre la boîte d'entremets. Les messages qui seront diffusés à la radio sont moins « choc », plus didactiques. Ils expliquent sobrement que moins de sucre ne veut pas forcément dire moins de calories. Troisième élément de la campagne, un site Internet (www.alaplacedusucre.com) auquel renvoient les campagnes presse et radio.
Les responsables de la Collective nient toute intention de nuire, bien qu'après tout, le sucre soit attaqué tous les jours. Ils insistent sur leur volonté d'« ouvrir un débat » sur « les promesses non tenues » des allégés. Ils posent plusieurs questions : les consommateurs sont-ils d'accord pour consommer des ingrédients qu'ils ne connaissent pas ? Est-il honnête de leur présenter des produits allégés en sucre ou en graisses leur indiquer la réduction en calories ? Comment définir des produits standards pour servir de référence aux allégations d'allégements ? Ne vaut-il pas mieux les former à équilibrer leurs repas ? La Collective du sucre recommande une seule éthique : « connaître ce que l'on mange, sans restrictions et avoir des repères. »