Le spectre de l’abondance
Outre le récurrent feuilleton estival des fruits et légumes, cet été nous réserve encore quelques risques de crise pour certaines grandes productions « menacées » par l’abondance — les années de vaches grasses ne sont plus nécessairement celles de la prospérité. Déjà, dans le secteur avicole, l’œuf est atteint par la crise. Les cours se dont dégradés en quelques semaines de manière spectaculaire sous la pression d’une progression débridée de la production en France mais aussi chez nos partenaires. L’an dernier, à la même époque, les problèmes sanitaires aux Pays-Bas et les effets de la canicule sur le rythme des pontes se traduisaient par un marché dégagé et des prix supérieurs de 80 % à ce qu’ils sont aujourd’hui. Dans le domaine viticole, la vendange 2003 fut l’une des plus faibles enregistrée depuis des décennies. Si quelques AOC n’en connurent pas moins des difficultés commerciales, le cœur de marché, les vins de table et surtout les vins de pays s’en trouvèrent bien au niveau des prix. La récolte 2004 sera, en revanche, l’une des plus abondantes de ces 5 dernières années et les 10 millions d’hectolitres de plus que l’an dernier vont poser des problèmes d’écoulement. Pour les céréales et plus précisément le blé, la situation est partiellement comparable à celle du vin avec une des plus grosses récoltes connues succédant à l’une des plus faibles enregistrées depuis la première réforme de la PAC. Mais si les prix des céréales ne seront pas ceux de 2003-2004, le débouché exportation y est pour le moment, plus facile à gérer.