Le Sojami regarde maintenant vers l'export
Le chemin parcouru depuis 1997, par Jean-James Garreau et son brevet, aurait pu ressembler à une histoire tranquille. Il n'en est rien. Après la mise au point de son procédé de fermentation pour le lait de soja et la production de pâtes fromagères, il a d'abord su conquérir le marché français par le réseau bio spécialisé. Ce segment de marché représente toujours plus des deux tiers des ventes (69 %) de l'entreprise agenaise, Le Sojami, qui a réalisé 1,8 million d'euros de chiffre d'affaires l'an passé, se projette sur 2 millions d'euros pour l'exercice en cours. La grande distribution représente 20 % des ventes et l'export 11 %. C'est sur ce marché d'exportation que Jean-James Garreau entend maintenant continuer de développer son activité. « Nous avons commencé à travailler en Allemagne et sommes également en discussion avec le Canada », précise-t-il.
Pour ouvrir ces nouveaux horizons, il lui aura fallu de la patience et de nombreuses participations à des salons. « Les salons, je le dis souvent, c'est comme les vieilles voitures, il y a beaucoup de faux contacts avant de parvenir à démarrer. Mais nous avons toujours participé à de nombreux salons notamment dans le domaine des réseaux spécialisés, comme Biofach en Allemagne. Ce sont de ces rencontres que naissent les partenariats qui nous intéressent aujourd'hui, souligne-t-il. Pour l'Allemagne, je rencontrais notre client, un important distributeur de fromages, tous les ans sur les salons, depuis 1997, il était toujours très intéressé par ce que nous faisions. Puis en 2013, c'est lui qui est venu vers nous pour nous faire part de son intention d'essayer quelque chose avec nos produits, peut-être parce qu'il avait senti que le moment était venu. »
Vers un transfert de technologie ?Bien que le procédé de fabrication soit très directement inspiré de l'industrie fromagère, parler de fromage à base de végétaux est interdit en France. Le fait que le distributeur concerné en Allemagne soit un distributeur de fromage indique-t-il que le consommateur allemand est plus enclin à ce genre de produits ? « Je pense surtout que nos voisins ont une approche plus pragmatique, ils sont aussi plus impliqués et militants, il y a plus de végétariens, le mouvement vegan est important et l'offre en produits, avec un peu de protéines et d'arômes, qui leur est soumise est importante. »
Depuis les premiers essais, la gamme développée par Le Sojami s'est grandement élargie. On y trouve des spécialités à tartiner, des sauces, du tofu, des glaces et une gamme de desserts à base de boisson de riz en plusieurs parfums, ainsi qu'une gamme de condiments pour professionnels. S'il est devenu chef d'entreprise, Jean-James Garreau continue de réfléchir aux développements technologiques des aliments fonctionnels avec support végétal par exemple, et à la transition alimentaire qu'il appelle de ses vœux. « Au même titre que la transition énergétique, il nous faut réaliser cette transition. Aujourd'hui, 75 % des protéines que nous mangeons sont animales, nous pourrions déjà descendre à 50 %, l'impact sur le système serait très important. »
Au Canada, les contacts sont doubles, provenant d'une part des salons (notamment un distributeur très intéressé par ces produits) et d'autre part d'une visite d'une délégation sur l'Agropole d'Agen, où Le Sojami s'est implanté et développé après avoir gagné son prix annuel de l'innovation. « La situation est dans ce cas un peu différente puisque cette délégation est plutôt en recherche de transfert de technologie. Avant de nous décider, nous allons attendre d'avoir les résultats des tests actuellement menés. Il nous faudra au moins six ou neuf mois de résultat pour pouvoir juger et décider des conditions de la suite à donner », souligne Jean-James Garreau. Et l'entreprise, forte de ces portes ouvertes, regarde aussi dans d'autres directions, l'Espagne par exemple. Yann Kerveno