Le soja redécolle
Sur la base de considérations climatiques difficiles pour la récolte des États-Unis et soutenu par la hausse du pétrole et la faiblesse de la monnaie américaine, le soja fait une belle remontée et entraîne l’ensemble du complexe oléagineux dans son sillage.
Après le pétrole, c’est le retour d’une certaine confiance dans l’économie et la baisse du dollar qui viennent soutenir les cours du soja. Le 6 octobre, la banque centrale australienne a relevé ses taux, suscitant l’optimisme sur les places boursières et affaiblissant le dollar. Ce dernier touchait jeudi dernier son plus bas niveau contre l’euro pour l’année 2009. Les stratégies de couverture contre le risque de l’inflation par des investissements sur des matières premières cotées en dollar sont ainsi de nouveau à l’honneur.
Cet engouement pour le soja permet au contrat novembre à Chicago de refranchir à la hausse le seuil de 9 dollars le boisseau et d’engranger de belles performances sur deux séances consécutives. Plutôt marqué par la pression des bonnes perspectives de récolte, le cours de la graine avait en effet cassé à la baisse cette résistance importante. Cependant, l’adversité du climat de ce début de moisson atténue très largement l’optimisme des analystes quant à la taille de la récolte. Les travaux de récolte peinent à se réaliser.
Rumeurs sur les Chinois bientôt aux achats
Au 12 octobre, seulement 24 % des surfaces étaient récoltées contre 57 % en moyenne à pareille époque. Dans la région du delta du Mississippi, les sols sont très humides ; dans l’État de l’Illinois ce sont les plantes qui ne sont toujours pas prêtes à être coupées. Même si les échos de rendements sont bons, le retard des cultures soutient les cours, notamment pour les périodes de livraison rapprochée.
Du côté de l’Amérique du Sud, les semis démarrent au Brésil. Le 7 octobre, l’agence statistique du gouvernement a publié ses estimations pour la prochaine récolte. Partant d’une surface en hausse de 4 %, soit un total compris entre 22,2 et 22,6 millions d’hectares, la production pourrait se situer entre 62,3 et 63,3 millions de tonnes. Légèrement plus conservateur que les industriels (63,5 millions de tonnes) et que l’USDA (64 millions de tonnes), le gouvernement table lui aussi sur une récolte record en 2010, si le temps le permet. En Argentine, les surfaces devraient progresser de 1,5 million d’hectares (+ 9 %) et le pays pourrait décrocher son nouveau record de production, à 52 millions de tonnes… de quoi effacer le souvenir de la sécheresse de cette année et reprendre sa place d’exportateur dès le mois de mars. Si les trois premiers producteurs majeurs engrangent effectivement chacun les récoltes attendues, le bilan mondial du soja devrait pouvoir retrouver de la souplesse.
Sur ce début de semaine la progression des cours du soja se poursuit, avec comme élément supplémentaire la rumeur d’une éventuelle reconstitution des stocks stratégiques par les Chinois et donc des achats d’importance. Cela permet au boisseau de frôler les 10 dollars.