Le ruminant montre une dépendance au pétrole
«Alors que les agrocarburants devaient rendre moins dépendant du pétrole, c'est l'inverse qui se produit. Le cours de l'or noir influence fortement celui des principales matières premières agricoles et par conséquent le coût de production des viandes et du lait ! ». Dans un rapport sur « Les agrocarburants, atout ou menace pour les ruminants ? », l'Institut de l'Elevage se montre sceptique sur l'intérêt d'une telle filière pour les éleveurs. L'espoir est de disposer d'importants volumes de coproduits pour alimenter le bétail. D'après les experts de l'institut, pareille disponibilité ne veut pas dire baisse des coûts de production. « Ces nouveaux produits permettront au mieux de contenir un peu les hausses de prix engendrées par la demande à fin énergétique », soulignent-ils.
Pression foncière
Entre un tiers et la moitié du coût de production du lait, de la viande bovine, ovine ou caprine correspond à des charges alimentaires de type céréales, soja, maïs (aliments achetés ou produits sur l'exploitation) ou à des charges directement liées à des produits dérivés du pétrole, dont on peut craindre une flambée au cours des prochaines décennies. Cela aura pour effet de multiplier par deux, voire plus, le poids de hausse du coût de l'énergie dans l'évolution du coût de production global.
« Si l'intérêt du secteur de l'élevage au sens large en Europe ne semble pas lié positivement à l'essor des agrocarburants, il peut en être tout à fait différemment d'un point de vue individuel et même régional », tempère l'institut. La proximité de tel ou tel coproduit nouveau, utilisable en frais, à coûts d'approche réduits, pourrait en effet représenter une véritable opportunité économique et technique dans certains cas.
La concurrence pour les surfaces agricoles est l'un des points sensibles des agrocarburants. Leur essor ne pourra que renforcer la tendance haussière du prix du foncier. C'est vrai pour l'approvisionnement en colza de la filière biodiesel. Presque tout le territoire est concerné. Le phénomène est plus marginal avec l'éthanol, source de coproduits de type drêches et pulpes. Mais, le débat de la concurrence sur les surfaces sera exacerbé avec l'arrivée des agrocarburants de deuxième génération. Les plantes pérennes envisagées pour leur fabrication ont la caractéristique d'être peu exigeantes sur le plan agronomique et pourront donc être cultivées sur des sols très variés. La concurrence avec les surfaces en herbe sera alors directe.