Le Rhum agricole de la Martinique fête 10 ans d’AOC
En novembre 1996, le Rhum agricole de la Martinique obtenait officiellement son AOC (appellation d’origine contrôlée). Le résultat de longues démarches menées par la filière depuis 1975, reprises et conclues par le syndicat de défense de l’appellation d’origine Rhum Agricole Martinique, créé en 1992 et aujourd’hui présidé par Claudine Neisson-Vernant, p-dg du Rhum Neisson, l’une des deux dernières distilleries indépendantes de l’Île. Car au cours de ces 10 ans, un énorme mouvement de restructuration s’est opéré dans la filière, trois grands groupes ayant absorbé les marques aussi connues que Dillon, Trois Rivières, Clément… Seules 7 distilleries « fument » encore pour la production de rhum Agricole AOC.
La sucrerie-distillerie Le Galion, produit pour sa part du rhum industriel, tiré de la distillation de la mélasse alors que l’AOC provient de celle du jus de canne. L’appellation se divise elle-même en trois catégories distingues : le Rhum agricole blanc, présentable au jury d’agrément de l’AOC trois mois après la distillation, le Rhum Agricole vieux, trois ans en fûts de chêne de moins de 650 litres (technique de vieillissement du Cognac) et le Rhum Agricole élevé sous bois, qui a séjourné au moins 12 mois en foudre de chêne.
Première ressource agroindustrielle de l’île
La moyenne de production de rhum agricole AOC, a été, ces dernières années, de l’ordre de 14 millions de litres dont 30 % destinés à la consommation locale, 65 % à destination de la métropole et 5 % vers d’autres pays. En 2006, les exportations de rhum ont représenté 21,7 millions d’euros, en progression de près de 7 % par rapport à 2005, bien que contingentées
Le marché du rhum martiniquais va donc plutôt bien, grâce en particulier à sa grande qualité avalisée par l’ AOC.
Néanmoins, l’horizon n’est pas dégagé. Ainsi, les règlements environnementaux pèsent-ils de plus lourdement sur le budget des distilleries et si les grands groupes sont sans doute en mesure d’y faire face, les distilleries indépendantes s’estiment menacées par cette surenchère de sujétions. Les producteurs demandent en outre une expansion de la zone d’appellation d’origine, et l’augmentation des contingents d’exportation. Le rhum représente la première ressource agro-industrielle de l’île. Sa préservation constitue donc pour la Martinique un facteur économique majeur.