Le retour des farines animales sera difficile
« La réhabilitation des farines de sang de non-ruminants dans l’alimentation du bétail a de bonnes chances d’aboutir cette année», a déclaré hier Alexander Döring, secrétaire général de la Fédération européenne des fabricants d’aliments composés (Fefac). Invité à donner son pronostic à l’AG du Syndicat national du commerce du porc (SNCP), il s’est montré plus sceptique à l’égard des farines de viande. « Les farines de poisson reviendront avant les autres. Bruxelles est soumis aux pressions du Chili, grand pays de pêche, et veut éviter un nouveau panel à l’OMC. Pour celles de porc et de volaille, une ouverture est concevable l’an prochain. Quant aux farines de ruminant, la Commission européenne veut les bannir à jamais».
Plusieurs éléments plaident en faveur d’un retour progressif des protéines animales transformées. Leur interdiction dans l’alimentation animale représente un coût croissant. Il est estimé à près d’un milliard d’euros, avec des prises en charges différentes selon les Etats membres, d’où des distorsions de concurrence. La sécurité alimentaire est passée au second plan dans la politique de santé publique, derrière des maladies comme l’obésité. L’élargissement de l’UE, le changement de Parlement, de Commission, les nouvelles lignes directrices de l’OIE créent un contexte favorable. Enfin, l’agenda politique prévoit une révision des mesures de lutte contre l’ESB en 2005.
Bruxelles a fixé ses conditions au retour des farines. Des rapports doivent lui être transmis par l’OAV sur l’efficacité du contrôle de l’interdiction chez les dix nouveaux pays membres. Des progrès sont attendus en matière d’analyse, les méthodes microscopiques officielles devant évoluer vers des techniques spécifiques aux espèces. Enfin, l’Efsa doit rendre un avis sur les contaminations croisées. « Le principe de tolérance zéro doit évoluer, sinon il n’y a aucun espoir de retour des farines, a estimé Alexander Döring. Un autre point clé est la mauvaise image des farines. Si elles reviennent, les entreprises peuvent être tentées par un marché pour aliments 100 % végétal et minéral». Par ailleurs, l’interdiction de cannibalisme implique des usines dédiées. Or, les sites multi-espèces demeurent la norme dans la plupart des pays.