Le pyromane du Morvan inquiète les éleveurs
Plus le foin brûle, plus la tension monte dans la région d’Autun (Saône-et-Loire), où dix incendies criminels ont détruit des hangars agricoles depuis le 4 septembre, et certains craignent que la situation ne dégénère. Dernier brasier en date : dimanche soir à Etang-sur-Arroux, où le feu a détruit plus de 1 000 tonnes de paille. La veille, c’est du fourrage rangé dans un petit bâtiment à côté d’une scierie d’Autun qui s’était envolé en fumée. Comme pour les huit sinistres précédents, le feu a pris dans des hangars remplis de foin, isolés et situés près d’une route, dans un rayon de 20 km autour d’Autun. Et à nouveau, il n’y avait pas d’installations électriques dans les bâtiments, ce qui exclut toute cause accidentelle.
Alors, les agriculteurs locaux sont persuadés qu’il y a un pyromane derrière leurs malheurs. Victime de l’incendiaire en octobre dernier, Christian Largy, exploitant à Curgy, se concentre aujourd’hui sur la « reconstruction» de ses équipements, mais raconte que ses collègues sont « très inquiets ». « Deux incendies en un week-end : ça fait monter la tension d’un cran», ajoute Bernard Joly, vice-président de la FDSEA de Saône-et-Loire, qui deux jours plus tôt ne « voulait pas dramatiser ».
Aujourd’hui, il avoue que « la colère gronde » chez les éleveurs et que « la situation pourrait dégénérer ». D’autant que l’hiver approchant, il va falloir rentrer les bêtes dans les étables. « Si jamais des vaches brûlaient, la situation deviendrait explosive», craint-il.
Un hélicoptère survole la zone
« Tout le monde est tendu et certains ont envie de se venger », confirme Christophe Duchene, un éleveur d’Etang-sur-Arroux âgé de 29 ans. Selon lui, « il y a des gars qui se baladent avec des armes ». « On n’est jamais à l’abri d’un drame de l’autodéfense », admet le colonel Philippe Michou, qui commande le groupement de gendarmerie de Saône-et-Loire. « Mais globalement, l’état d’esprit est davantage à la vigilance qu’à la vengeance », estime-t-il. Jeudi dernier, les gendarmes ont diffusé un portrait-robot, celui d’un « témoin important», un homme brun de type européen, âgé d’une trentaine d’années. Pour l’instant, cela n’a rien donné.
Les gendarmes espèrent aussi surprendre l’incendiaire en flagrant délit. Pour ce faire, une vingtaine de gardes-mobiles sont venus renforcer la compagnie d’Autun. Et certains soirs, un hélicoptère survole la zone.