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Le projet européen de label bien-être fait grincer des dents

En France, les professionnels du Label Rouge, des indications géographiques et de la bio ne veulent pas entendre parler d’un label européen sur le bien-être animal qui viendrait parasiter les démarches déjà prises.

Pour justifier le coût élevé des produits alimentaires européens par rapport aux produits d’importation, liés à une réglementation plus exigeante, la Commission européenne envisage d’identifier le bien être animal des animaux dont sont issus certains produits à l’aide d’un logo créé pour l’occasion. Il y a quatre mois, la commissaire à l’agriculture Mariann Fischer Boel avait émis lors d’un colloque l’idée de mettre en place un label « de qualité supérieure européen » (LM du 12 /2). Cette idée avait été fortement désapprouvée par la quasi-totalité des représentants d’organisations présents à la conférence. « Nous avons déjà trop d’identifiants de qualité, cela provoque la confusion auprès des consommateurs, nous n’avons pas besoin d’en avoir un de plus », avait publiquement averti Giuseppe Liberatore, président des Consortium italiens d’indications géographiques (AICIG). « Il ne faut pas affaiblir les outils existants qui répondent aux demandes ou aux besoins des États membres,avait renchéri Michel Prugue, président de l’Inao. Si la question est bonne, la réponse est inadaptée ». « Il faut renforcer les signes de qualité officiels avant de se lancer dans la création de nouveaux signes », avait précisé Alexander Rogge, directeur IFS de la FCD.

Nivellement par le bas

C’est maintenant la DG Santé, par la voix de son commissaire Markos Kyprianou, qui prend le relais de la DG Agri, à la suite d’une étude réalisée sur un échantillon de consommateurs européens. Ses conclusions assurent que « les consommateurs européens sont prêts à payer plus cher des produits qui respectent le bien être animal et qu’il est nécessaire d’identifier comme tel ». Cette étude est également convoquée pour justifier un rapport du Conseil Économique et Social européen (CESE) allant dans le sens d’un étiquetage spécifique.

« En matière de bien-être animal, notre mode d’élevage est en phase avec les attentes des consommateurs et décideurs politiques européens, peut-être ne le faisons-nous pas assez savoir, regrette Eric Cachan, président du Synalaf. En revanche, nous ne sommes pas favorables à un logo européen qui nivellerait par le bas et nierait les spécificités de nos modes d’élevage alternatifs, dont l’accès au parcours, la longue durée d’élevage... Le bien-être animal ne se résume pas à une question de densité ».

Il est facile de comprendre que si nos produits sont déjà chers, ils le seront encore plus si l’on impose des critères supplémentaires qui devront nécessiter un contrôle externe qui rendra le produit encore plus cher. Qui paiera ? « C’est la même question qui se pose pour l’agriculture raisonnée, illustre Henri Balladier. Il faudra prendre garde à l’étiquetage car cela peut concurrencer le Label Rouge, les IGP et les AOP et la bio. En fait c’est de la réglementation qui sera contrôlée à nos frais ! Cela va à l’inverse de ce que nous demandons : sortir la réglementation du contrôle par tierce partie. » D’autre part, les professionnels pensent que le bien être animal doit être associé à la qualité du produit. Dans le cas d’un nouveau label, ce n’est « que » le bien être qui sera garanti. « Dans le porc, nous avons déjà suffisamment de démarches d’origine et de qualité qui garantissent le bien être animal, constate Marc Pages, directeur du Sylaporc. Ce n’est pas la peine d’en rajouter, d’autant qu’elle ne sera pas significative de qualité. »

Enfin, cet hypothétique nouveau label risque d’introduire une segmentation supplémentaire nuisible aux signes existants : « Il existe déjà une réglementation très contraignante, constate Louis Orenga, directeur du CIV. L’Europe ne communique pas pour dire que nos produits ont plus de contraintes que ceux de l’importation. On a mis des outils en place et on ne le dit pas. La réponse est contenue dans l’origine des produits. On ne communique pas par la segmentation sur une demande qui est une demande sociétale. »

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