Le projet de segmentation des vins au point mort
On a failli y croire… Après moult réflexions inabouties et rapports jetés à la poubelle, en juillet dernier, les représentants de la filière viticole se mettaient enfin d’accord devant le ministre de l’Agriculture sur une nouvelle segmentation des vins. La grande nouveauté était de réserver la mention du cépage aux étiquettes des vins de pays et d’offrir la possibilité au Bordelais et à la Bourgogne de faire des vins de pays. Deux mois après que reste-t-il de ces déclarations de bonnes intentions ? A l’heure actuelle chacun ayant le nez dans ces parcelles de vigne, le projet est au point mort. A peine si quelques embryons de syndicats de défense de vins de pays font leur apparition. La direction de l’Onivins affirme que certaines demandes de création lui ont déjà été communiquées. Interrogé sur le sujet, le comité interprofessionnel des vins de Bordeaux dit ne pas avoir connaissance de telles initiatives dans sa région. Concernant l’autre point de l’accord, c’est-à-dire le fait de réserver le cépage aux vins de pays, un décret devrait être rédigé par le ministère de l’agriculture au cours du 1er semestre 2005.
Les AOC tiennent aux cépages
Mais les avis sont tellement partagés, que l’on peut se demander si le ministre s’engagera à trancher lui-même sur le sujet. En effet si producteurs de vins de pays estiment que leur réserver le cépage est un préalable à la création de nouveaux vins de pays, du côté des AOC on ne l’entend pas de cette oreille. La Bourgogne refuse de renoncer aux mentions chardonnay et pinot noir, l’Alsace tient mordicus aux riesling, sylvaner et gewurstralimer dans ses AOC, Bordeaux voudrait bien continuer à inscrire merlot ou sauvignon sur ses bouteilles à l’export. Pour les AOC ayant recours historiquement à la dénomination du cépage, la profession semble d’accord pour que l’exception soit maintenue, mais pour les AOC qui utilisent depuis peu ou veulent utiliser le cépage, les contestations se font beaucoup plus fermes. La belle unité volontairement affichée en juillet par les représentants des filières n’était qu’un rêve, à moins que la crise viticole ne solidarise à nouveau les esprits.