Le problème de la main-d’œuvre
Le premier effet de la crise de la main-d’œuvre a été la diminution sensible -à peu près complète même- du chômage. On comptait en mai 1955, 62 000 chômeurs secourus par les fonds de chômage dans la France entière. En mai 1956, 38 930 seulement ont eu recours à ces fonds. En juin 1956, ce chiffre tombe à 33 000. Régression également en ce qui concerne les demandes d'emploi non satisfaites, puisque le Bulletin de la Statistique en indique 108 511 pour le mois de juin 1956 contre 161 734 pour juin 1955. «A quelque chose malheur est bon», pourrait-on écrire devant ces statistiques.
Malheureusement, d'autres sont moins réjouissantes. C'est ainsi que depuis le début de l'année, le nombre des offres d'emploi non satisfaites suit une progression constante et passe de 20 000 en janvier à plus de 51 000 en juin, niveau jamais atteint depuis la Libération. A l'issue de ce premier trimestre 1956, le problème de la main-d’œuvre reste donc entier et risque fort d'aller en s'aggravant. Devant cette situation, il convient de reconnaître que le gouvernement n'a pas la tâche facile, d'autant que survient la période des congés payés. Plusieurs solutions avaient été envisagées pour combler ce déficit de main-d’œuvre et mettre un frein à la baisse de production qui menace. (…) Il n'apparaît pas, si l'on se rapporte aux statistiques officielles, que le nombre de personnes de plus de 65 ans actuellement au travail puisse être augmenté considérablement. L'apport supplémentaire à la population active que représenterait les retraités actuels n'influencerait guère l'accroissement de la production. Les entrées en France de travailleurs Nord-Africains ont considérablement diminué par rapport aux années précédentes. Il est difficile de compter actuellement avec cette main-d’œuvre, car des facteurs politiques risquent d'intervenir.