Le prix mène toujours la danse
Malgré les états généraux de l’alimentation et la charte d’engagement signée en novembre, les négociations commerciales 2018 se sont une nouvelle fois déroulées dans un climat extrêmement tendu, à l’exception notable du secteur des produits laitiers, où selon la FNPL des hausses de tarifs ont été conclues. Forçant volontairement le trait, Richard Girardot, PDG de Nestlé France, a fustigé le 28 février sur Europe 1 « un bal des hypocrites où tout le monde a signé une charte, mais que personne ne respecte ». Et d’accuser la distribution de vouloir profiter « de cette dernière année d’open-bar pour elle ». Le comportement d’Intermarché en début d’année, avec ses promotions à -70 % sur le Nutella, épinglées par la DGCCRF, ne lui donne pas tort. Le gouvernement en a conscience puisque ses membres ont multiplié les mises en garde durant le Salon de l’agriculture qui se tenait une nouvelle fois en même temps que les conclusions des négociations commerciales (une concomitance qui semble d’ailleurs gêner la distribution qui aimerait bien voir la date butoir avancée !). Comme elle l’avait promis, la DGCCRF a maintenu la pression, allant même jusqu’à débarquer au siège de E.Leclerc les 27 et 28 février, à quelques heures de la fin des négociations commerciales. Oui mais voilà, ce genre de procédure est longue à aboutir et pendant ce temps-là les fournisseurs subissent une destruction de valeurs, comme le souligne Dominique Amirault, président de la Feef. Les distributeurs n’ont pas changé de paradigme et se battent toujours sur les prix au lieu de jouer la carte de la différenciation. Un distributeur semble néanmoins se distinguer dans ce tableau général : Lidl, encore une fois très présent au Sia, a passé sa semaine à signer des contrats tripartites. L’ex-hard-discounter, dans sa stratégie de montée en gamme, cherche à se démarquer. Et ça marche, avec une part de marché qui progresse bien. Néanmoins, sa promotion sur un cognac XO à moins de 20 euros la semaine dernière n’a pas manqué de déclencher la colère des viticulteurs. Il ne faudrait pas prendre le distributeur allemand pour un enfant de chœur.