Le prix et la valeur
Les temps sont durs aussi pour la grande distribution. Jérôme Bédier, le président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution, l’a reconnu cette semaine en illustrant son propos de quelques chiffres percutants. Les ventes de produits de grande consommation en GMS ont baissé de 1,9 % l’année dernière (de -3,8 % en deux ans) ; le chiffre d’affaires des hypers a baissé de 0,4% pendant la même période ; enfin 2005 a vu l’emploi reculer dans le grand commerce, naguère l’un des secteurs les plus dynamiques en termes d’embauche. La concurrence que livrent les hard-discounters aux hypermarchés n’est pas pour rien dans cette déflation. La guerre des prix non plus. Car si les enseignes se plaignent que les grandes marques parviennent à maintenir voire à augmenter leurs prix de vente, ceux des MDD et des premiers prix (deux catégories qui prennent une importance croissante dans le panier de la ménagère) suivent la pente inverse. En dépit de la surenchère entre distributeurs sur qui est le moins cher, Jérôme Bédier a reconnu qu’une baisse des prix perpétuelle était une idée absurde et destructrice. Le très prudent patron de la FCD s’est même aventuré à affirmer que la grande distribution avait «besoin de premiers prix, mais aussi de valeur ajoutée». Alors comment faut-il interpréter les appels réguliers que la distribution lance pour entrer ou être confortée dans les interprofessions agricoles ? Comme une volonté de capter un peu plus de valeur ? Ou au contraire pour y jouer le jeu de la valorisation des produits agricoles ? Le syndicalisme agricole a donné sa réponse. Quand elle est parvenue à entrer dans les interprofessions, la distribution est le plus souvent cantonnée à l’anti-chambre.