Le premier prix, valeur d’avenir de l’alimentaire?
Le consommateur finira-t-il par correspondre à la définition du cynique donnée par Oscar Wilde, celui qui « connaît le prix de tout et la valeur de rien » ? Pierre Combris, économiste à l’INRA, espère que le commerce de détail ne poussera pas le consommateur à devenir une sorte de « trader » opportuniste de ses achats. Le chercheur était l’un des intervenants des entretiens de Rungis organisés mardi autour de l’étude du Crédoc sur « l’alimentation, entre tensions économiques et exigences des consommateurs » (LM d’hier).
Le consommateur perd la notion de valeur, plusieurs intervenants l’ont constaté. Les systèmes d’abonnement et prix cassés des voyages, les appels téléphoniques au bout du monde, mais aussi la valse des étiquettes dans les grandes surfaces, lui font perdre ses repères, a considéré Alain Frétellière, responsable chez Carrefour (marque Reflets de France). Heureusement, a-t-il souligné, « le consommateur a pris conscience de la limite qualitative à la baisse des prix ». Selon le spécialiste, les premiers prix sont promis à un fort développement. Il ne doit pas être forcément le prix les plus bas, assimilé au produit pour pauvres, mais le repère stable du prix d’un produit.
Offres de début et de fin de semaine
Le cas particulier des fruits et légumes, dont les prix sont par nature volatiles, a été passé en revue. Le consommateur « regarde le prix (d’un fruit) au moment où il a envie d’acheter », il « s’en souvient quand il est cher (pas l’inverse) », a expliqué Christian Pépineau, président d’Unigros. Le responsable a suggéré de « faciliter l’accès » aux fruits et légumes en se rapprochant du consommateur. Distinguer une offre fonctionnelle de début de semaine et une autre « ludique » de fin de semaine en serait un moyen. Bruno Dupont (FNPF) a pour sa part conseillé de maintenir quelques prix stables. Les « fruits à compote » et compotes industrielles, les fruits à l’unité ou au kilo doivent pouvoir cohabiter, a-t-on constaté. La valeur du produit dépend de sa fonction (alimentaire, service, servi), selon Alain Frétellière, qui prévoit, sur la base de ce critère, un grand ménage dans l’offre actuelle.