Le « poulet chloré » rabat son caquet
Une discussion doit avoir lieu ce jour à la Commission européenne sur le projet de la direction de la Santé d’autoriser la désinfection chimique des carcasses de volailles. Les Etats-Unis demandent avec insistance la possibilité d’utiliser 4 produits (dioxyde de chlore, chlorure de sodium acidifié, phosphate trisodique et acides peroxydés) en vue de lever l’embargo qui empêche quasiment toute vente de volaille américaine en Europe depuis onze ans. Une large majorité de ministres européens de l’Agriculture est opposée à ce projet qu’elle assimile à l’ouverture au « poulet chloré » américain.
Aussi, la Commissaire en charge de la Santé, Androulla Vassiliou, insiste-t-elle sur les restrictions qui l’accompagneraient. Les autorisations de désinfectants ne seraient valables que deux ans et ne s’appliqueraient qu’aux poulets entiers, lesquels devraient être rincés à l’eau potable. La restriction de la décontamination aux poulets entiers exclut d’emblée les importations potentielles de cuisses de poulet. Il s’agit de co-produits de l’industrie avicole américaine écoulés à des prix compétitifs et bénéficiant de contingents d’importation depuis l’intégration des Peco dans l’UE. En outre, ces poulets devraient porter la mention « décontamination chimique » ou « traité avec des substances antimicrobiennes » sur leur emballage.
Cependant, le BEUC (Bureau Européen des Unions de Consommateurs), le COPA-COGECA (confédération européenne des syndicats agricoles et des coopératives) et le BEE (le Bureau Européen de l’Environnement) disaient hier avoir envoyé une lettre aux Commissaires européens pour exprimer leur inquiétude et revendiquer la méthode préventive européenne. Cette lettre est assortie d’informations officielles américaines selon lesquelles la décontamination ne vient pas à bout des Campylobacter et Salmonelle dans la volaille.
« Comitologie »
Si cette levée de boucliers convainc les gouvernements, les autorisations n’ont aucune chance de passer. Si au contraire les ministres de la Santé et de l’Economie restent divisés, la Commission en décidera. En effet, toute autorisation de substance doit être approuvée en procédure de « comitologie », comme pour les OGM, explique une porte-parole de la Direction de la Santé. Que cache l’insistance américaine pour la levée de l’embargo, se demande-t-on à la fédération de l’industrie avicole ? Le fait que Jose Barroso, président de la Commission européenne et vice-président en charge du Commerce soutienne la levée d’embargo, indique un rapport avec l’OMC.