Le plus dur est à venir
En fait-on trop sur l’influenza aviaire , nous interrogions-nous il y a quinze jours à cette même place. Des personnalités très qualifiées semblent en tout cas le penser aussi. Dans l’interview qu’elle a accordée aux Échosmercredi dernier, la professeur Jeanne Brugère Picoux regrette que les médecins soient montés au créneau dans cette affaire, plutôt que les vétérinaires. Et la spécialiste des maladies animales de désigner un responsable principal : l’Organisation mondiale de la santé, « qui a peut-être ouvert trop grand le parapluie, alors qu’il s’agissait principalement d’un problème de santé animale. » Alors que la mutation du H5N1reste encore hypothétique, « on ne s’émeut guère des victimes de la grippe saisonnière, qui n’a jamais fait si peu parler d’elle que cet hiver », fait-elle remarquer. Elle a pourtant fait encore quelques victimes ces dernières semaines, même en France… Fort heureusement, l’opinion est versatile et les inquiétudes d’hier sont balayées par celles d’aujourd’hui. Il aura suffi d’un léger frémissement de la consommation de volaille et que deux chats atteints du H5N1 en Allemagne guérissent subitement, pour que le flux des dépêches d’agence tarisse et que l’on considère que la crise est passée. C’est loin d’être le cas. Les prochaines migrations de printemps font toujours peser sur les élevages des risques d’épidémie ; quant à l’image de la viande de volaille, elle est sans doute durablement écornée. L’appui apporté vendredi par le Premier ministre au plan de communication en faveur de la volaille et son engagement selon lequel la solidarité nationale s’exercerait auprès de la filière arrivent à point nommé.