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Le modèle Momagri fait son chemin

La fédération régionale des coopératives de Midi-Pyrénées avait invité, lors de sa dernière assemblée générale en octobre dernier, un responsable de Limagrain, pour présenter Momagri. Une démarche qui a séduit les agriculteurs.
Il est rare que des agriculteurs ressortent d’une réunion professionnelle sans avoir l’impression que leur activité est définitivement vouée à disparaître. Mais cela arrive encore. Fin octobre, les représentants des coop de Midi-Pyrénées ont retrouvé un peu d’espoir en écoutant l’exposé de Jean-Claude Guillon, directeur des affaires institutionnelles et de la communication de Limagrain, sur Momagri, Mouvement pour une organisation mondiale de l’agriculture, initié par la coopérative auvergnate*.
« Notre conviction est que le développement durable de l’agriculture passe par l’innovation sous toutes ses formes et par la régulation internationale des marchés, l’une et l’autre indissociables », a-t-il expliqué. Créé pour « proposer des systèmes de régulation qui permettent de corriger les excès du marché et d’accroître les bienfaits liés à une libéralisation des échanges agricoles internationaux », Momagri a imaginé un nouveau modèle économique, scientifiquement fondé, différent de ceux de la Banque mondiale, du FAPRI, de l’OCDE… et qui tient compte des spécificités de l’agriculture et de ses acteurs.

« Ne pas signer Doha »
Momagri considère que la volatilité des prix dépend davantage des risques endogènes inhérents à l’agriculture (anticipations optimistes ou pessimistes des agriculteurs dont dépendent les mises en culture et paris pris par les spéculateurs privés), que des risques exogènes comme les aléas naturels. « Ce qui interdit donc la mutualisation des risques par un système d’assurance », souligne Jean-Claude Guillon. Le modèle inclut par ailleurs de nouveaux paramètres, comme l’innovation, les taux de change, les données politiques… et segmente la production agricole mondiale en dix zones différentes. « Les modèles Momagri présentés en 2008 et 2009 confirment que la libéralisation totale des marchés agricoles exacerberait la volatilité des prix, poursuit Jean-Claude Guillon. S’ensuivraient huit années de marasme pour l’Union européenne et l’Amérique du Nord (sauf soutien aux agriculteurs comme aux États-Unis). La Chine et l’Inde seraient malmenées, l’Afrique plongerait. Seule l’Amérique du Sud y gagnerait. »
Un panel d’économistes internationaux a validé ce modèle en juin dernier. Une agence de notation, visant à évaluer les politiques agricoles existantes, et deux nouveaux indicateurs sont en cours de création, tandis que les idées de Momagri (traduites en 17 langues) sont de plus en plus reprises dans le monde, même en Chine. « La Pac doit renouer avec ses principes fondateurs, conclut Jean-Claude Guillon. En attendant, il ne faut rien lâcher des instruments résiduels de régulation et maintenir les protections aux frontières. En clair, il ne faut pas signer Doha. »

*Les bailleurs de fonds de Momagri sont Limagrain, InVivo, Euralis, FNPSMS et Crédit Agricole SA.

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