Le litchi malgache affiche ses ambitions

Les Marchés Hebdo : La saison 2013 du litchi s'est-elle bien déroulée à Madagascar ?
Simon A. Rakotondrahova : L'année 2013 a été très bonne. Les récoltes ont été précoces, dès le mois d'octobre, et les fruits de bonne qualité. Nous sommes satisfaits du prix de vente : le kilo s'est négocié entre 1,20 euro et 1,30 euro.
LMH : Quel est le poids du Gel au sein de la filière ?
S. R. : L'organisation de notre filière est assez récente : le Gel (groupement des exportateurs de litchis) est né en 2006. Nous fédérons une trentaine d'exportateurs, c'est-à-dire la quasi-totalité de l'île. En tout, la filière litchi fait vivre 30000 personnes à Madagascar, de l'agriculteur au négociateur. Avant 2006, nous partions tous en ordre dispersé, c'était une catastrophe. En maintenant la solidarité entre ses membres, le Gel contrôle l'ouverture du marché local mais aussi extérieur. Cela assure la stabilité des prix pour tous.
LMH : Quel est le poids de l'exportation ?
S. R. : Le marché mondial est encore fragile. Il nous faut trouver un équilibre entre l'offre et la demande. La période de commercialisation du litchi est très courte : de dix jours avant Noël jusqu'au premier de l'An, en Europe. Il ne faut pas dépasser les capacités du marché. Chaque année, entre 15000 et 22000 t de litchis sont envoyées vers l'Ancien Continent. L'exportation a ainsi atteint les 18000 t cette année. La consommation locale représente tout juste 10000 tonnes. La France est notre premier importateur, c'est notre partenaire historique. Depuis 2008, l'Allemagne lance un appel fort envers le litchi malgache.
LMH : Le marché a-t-il encore un potentiel de croissance ?
S. R. : Absolument ! On estime que seul un tiers de la production malgache est commercialisé. Le reste n'est pas récolté, faute de moyens suffisants... C'est de l'argent perdu. Sur le marché, Madagascar n'est que le troisième exportateur au niveau mondial, après la Chine et l'Inde. Nous pouvons donc progresser. La saison commence chez nous plus tôt : c'est là notre force.
LMH : Quels débouchés visez-vous ?
S. R. : Nous avons identifié plusieurs types de marchés : les Émirats arabes unis, une partie des pays de l'Europe de l'Est ou encore la Russie. Cette dernière est un de nos premiers objectifs : sa population ne connaît pas le produit. Nous visons également toute la population asiatique expatriée, car elle consomme beaucoup de litchis.
LMH : Quels sont vos objectifs pour l'amont de la filière ?
S. R. : Nous lançons un vaste plan de R&D. Il nous faut travailler sur la qualité du fruit, qui est parfois inégale, mais aussi sur les procédés de conservation. L'idéal serait d'exporter des produits frais sans conservateurs. Nous étudions la conservation par bains liquides ou par ionisation.
LMH : Qu'en est-il de la labellisation ?
S. R. : Tous les exportateurs sont déjà certifiés GlobalGap. Nous espérons obtenir un label commerce équitable et responsable. La filière litchi contribue au développement durable et à la lutte contre la pauvreté, car elle favorise la sécurité alimentaire des Malgaches.