Le Languedoc dans les starting-blocks

«C'est un moment historique » ont répété à plusieurs reprises Philippe Coste, président de l'interprofession des vins du Languedoc (CIVL) et Jean-Benoit Cavalier, président de l'AOC Languedoc lors de la présentation jeudi à Paris des projets des opérateurs dans la nouvelle AOC régionale. Celle-ci a enfin vu le jour en mai dernier après de nombreuses années de discussions sur la hiérarchisation des appellations de la région. Le Languedoc-Roussillon était le dernier des grands bassins viticoles à ne pas bénéficier d'une appellation socle de référence visant à fournir des volumes dans une qualité homogène et servant de base à la gamme des AOC.
L'ambition est d'en faire la première AOC du plus grand vignoble du monde avec un potentiel de 600 000 à 800 000 hl d'ici 6 à 8 ans.
Les principaux opérateurs du Languedoc et du Roussillon font front unis pour défendre la démarche économique et marketing de la nouvelle AOC.
Priorité aux marques
« Il faut innover dans le cœur de gamme et positionner Languedoc sur un segment premium entre 3 et 5 euros pour créer notamment une passerelle entre les vins de pays et les AOC sous la bannière Sud de France (2 millions d'hl AOC sur un total de 15) » précise Thierry Mellenotte, directeur marketing. L'objectif est ambitieux : commercialiser d'ici 5 à 6 ans 80 à 100 millions de bouteilles par an en favorisant la création ou la déclinaison des marques. Le CIVL s'en donne les moyens avec une nouvelle campagne d'affichage et soutient activement les opérateurs avec des packs cofinancés d'aide à la commercialisation et à la communication, dans le cadre notamment d'un club des marques. Celles-ci doivent s'engager à jouer l'AOC régionale (prix plancher à 3 euros, prix minimum d'achat à la production, en discussion, partenariat amont-aval, obligation d'avoir déjà une référence dans une enseigne de GMS…). « Des précautions pour donner toutes ses chances à la jeune AOC et concentrer les deniers collectifs sur des marques fortes susceptibles de renforcer l'image et la lisibilité du Languedoc » précise Philippe Coste. Les principaux opérateurs du négoce en ont profité pour sortir leurs projets des cartons avec des créations de marques (La Croix Jeannel chez Jeanjean, Laurier Rose pour Foncalieu), des déclinaisons de marques (Mythique Languedoc chez Val d'Orbieu) ou des extensions de gamme (Roche Mazet et Castel pour Castel, Saveurs Oubliées des Vignerons Catalans, Robert Skalli et famille Skalli pour le groupe éponyme, H de L'Hospitalet et Autrement chez Gérard Bertrand…). L'accent sera mis sur le rouge qui offre la plus grosse part des volumes mais l'objectif serait de tripler à moyen terme l'offre rosé qui ne dépasse pas actuellement les 7 % des AOC afin de profiter de la tendance.