Le herd book charolais exporte du bétail vif vers la Russie
Les affaires reprennent avec la Russie. Afin de relancer l'élevage dans leur pays, des investisseurs ont acheté 1 500 charolaises qui quitteront la France début novembre. Le contrat a été décroché par Charolais Expansion, filiale commerciale du herd-book. Comme de nombreux autres producteurs choisis par l'instance raciale, Alain Dumesnil, à la tête d'un cheptel de 75 charolaises à Placy (Calvados), vient de mener deux de ses bêtes vers une zone de quarantaine située en Bourgogne. « La sélection de mes vaches s'est faite par rapport à leur âge et à leur capacité de reproduction entre l'hiver et le printemps», précise-t-il.
C'est au cours du récent 15e Sommet de l'élevage de Cournon-d'Auvergne (Puy-de-Dôme) que la vente s'est effectuée. Deux investisseurs russes, les frères Kutkov, ont acheté 750 laitonnes et 750 génisses de 20 à 22 mois, pour repeupler un cheptel national ayant perdu des milliers de têtes les années passées. Les charolaises iront paître dès novembre à Krasnodar, dans le sud de la Russie, après neuf jours en bateau au départ de Sète (Hérault). « Des techniciens du herd-book vont suivre le bon déroulement de la reproduction et des techniques d'élevage là-bas, en Russie », précise Alain Dumesnil qui pourra, grâce à internet, suivre l'évolution de ses vaches. Par ailleurs, la sélection de 25 taureaux de cette même race est actuellement en cours.
Michel Baudot, président du herd-book charolais, dirige la manœuvre. Il choisit lui-même les animaux les plus aptes à l'expédition. Quelque 2 400 éleveurs d'une trentaine de départements ont pu proposer leurs sujets, tous certifiés avec pedigree.
« Les charolaises leur ont tapé dans l’oeil »
Un premier lot de 750 laitonnes est actuellement dirigé vers trois sites de quarantaine, en Côte d'Or, Allier et Nièvre. Des tests sanitaires y sont effectués par un vétérinaire russe. L'embarquement à Sète est prévu du 2 au 4 novembre. Un deuxième bateau suivra à la fin mois. Le lieu de destination est Kuban, au sud de la Russie.
« Je suis déjà allé en repérage sur place, signale Michel Baudot. Les frères Alexandre et Nicolas Kutkov ont loué 45 000 hectares d'herbe. Ils bénéficient d'un accompagnement financier de l'État russe pour acheter du cheptel bovin à l'étranger, qui fait partie des priorités nationales. Cela leur a permis d'acquérir également 3 500 têtes en Australie».
Selon lui, « les charolaises leur ont tapé dans l'œil, lors d'une visite dans un feedlot italien. Elles feront bientôt partie de leur élevage, l'un des gros de Russie». Les Kutkov sont aussi à la tête d'abattoirs, traitant 130 porcs et 30 bovins laitiers par jour, et possèdent une centaine de boucheries. Pour faire face aux difficultés d'approvisionnement, ils ont racheté d'anciens kolkhozes. Leur activité comprend la production de lait en brique, à partir d'un cheptel de 1 500 vaches. Même schéma avec le tournesol, transformé en huile. « Leurs capacités financières sont énormes, assure Michel Baudot. Un même contrat en charolaises est sur le point d'être conclu pour l'an prochain. »