Le Grenelle, 10 jours après
Est-ce un signe prémonitoire ? Le « Grenelle de l’Environnement » a disparu de l’actualité aussi spectaculairement qu’il l’avait envahi pendant plusieurs semaines. Qu’en reste-t-il ? Peu de décisions concrètes, à bien y regarder. Les associations écologistes finissent elles-mêmes par s’en rendre compte, une fois retombée la griserie de la grand’messe finale. La plupart des engagements obéissent à un calendrier très étalé et diffus quand ils ne relèvent pas tout bonnement du vœu pieux. C’est le cas notamment de la réduction de 50% de l’usage des pesticides « si possible dans les dix ans qui viennent ». Quant tout devient « si possible », les slogans de campagne prennent du plomb dans l’aile… Le syndicalisme agricole majoritaire n’est pas de cet avis. Selon lui, le « Grenelle » est un succès. Non pas parce que l’on y a pas pris de décision, bien sûr, mais parce que les organisations agricoles ont pu dialoguer relativement sereinement avec les ONG écologistes. « Pour une fois, les propositions ne se sont pas forgées dans la rue ou dans les champs », se félicite Pascal Ferey, le président de la commission agricole de la FNSEA dans une intéressante interview à ActuAgri la semaine dernière. Elles ont même permis à l’agriculture d’obtenir quelques avancées, notamment sur l’engagement financier de l’Etat dans la recherche fondamentale sur les progrès génétiques, semencier et phytosanitaire. Les principaux enseignements du Grenelle sont peut-être finalement à rechercher en creux. Peu d’observateurs ont ainsi noté la marche arrière spectaculaire des pouvoirs publics sur la question des biocarburants de première génération, dont la politique de soutien « va être revue » à l’avenir, dixit Nicolas Sarkozy. Maisà l’allure où va le baril, les « agropétroliers » pourront peut-être bientôt se passer d’aides.