Le grand zoo
On trouve quelques intéressantes saillies dans le numéro consacré par notre confrère Science & Vie à l’alimentation. Notamment l’analyse de ce paradoxe des temps modernes : « alors que l’animal de compagnie devient toujours plus humain, jusqu’à faire partie de la famille, les autres, ravalés au statut de matière première, sont abattus et transformés dans des structures industrielles, loin de nos sociétés de plus en plus sarcophages» - l’anthropologie oppose en effet les zoophages, mangeurs d’animaux, et les sarcophages, mangeurs de chair, qui « n’assument pas » le lien entre la viande et la bête vivante -. Ce curieux trouble du comportement des sociétés occidentales n’est pas sans conséquence économique pour producteurs et industriels. Quand les maîtres se privent ou vont chez Leader Price, rien n’est trop beau pour matou et médor. En témoignent les chiffres publiés à l’occasion du salon de l’animalerie qui se déroule en ce début de semaine à Paris. « La France, leader européen avec 60 millions d’animaux, est le marché le plus prometteur du secteur », triomphent les organisateurs. D’autant plus prometteur que nos chères petites têtes à poil dur ne se contentent plus de menu fretin. Expozoo 2007 constate « une montée en puissance des aliments haut de gamme » et relève que le marché de l’animalerie est en constante progression (+11% en cinq ans) avec 3,153 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Bien sûr, les industriels traditionnels de la viande profitent du développement de ce débouché. Mais à leur place, on se méfierait. Qui sait si un jour, amollis par leurs hommes de compagnie, nos chats et nos chiens ne se mettront pas à exiger une gamelle scrupuleusement végétarienne ?