Le froid échauffe les prix
Période du 26 au 30 janvier. D’un marché volatil à tendance ferme, on est passé en fin de semaine dernière à une hausse brusque et importante, provoquée plus particulièrement par les rumeurs de mesures de taxation des exportations de céréales russes. En effet, le quota de campagne prévu pour celles-ci, de 25 millions de tonnes (Mt), est déjà réalisé au niveau de quelque 20 Mt et les prix intérieurs deviennent de plus en plus élevés, donc de moins en moins concurrentiels à l’export. Cette rumeur s’accompagnait d’une autre, équivalente, à propos de l’Argentine, ajoutant à la poussée de fièvre des cours ; la première n’a pas été confirmée officiellement mais reste plausible, la seconde a été démentie. Le « weather market », jusqu’à ces derniers jours fixé sur le continent sud-américain, s’est maintenant déplacé vers l’est de l’Europe avec les grands froids qui frappent la Russie et l’Ukraine. Outre les craintes que peuvent faire naître ces très basses températures sur les cultures, elles posent aussi, dans l’immédiat, des problèmes logistiques pour le chargement et l’acheminement des bateaux sur la mer Noire. Le coup de froid brutal sur l’Europe occidentale et notamment sur l’Est de la Communauté inspire aussi des inquiétudes compte tenu de l’avancement de la végétation qu’avait entraîné un automne doux. Il est néanmoins encore trop tôt pour préjuger d’éventuels dégâts.
Les opérateurs, comme les fonds d’investissement, se montrent donc prudents devant cette évolution des conditions climatiques, les marchés à terme demeurant très fermes, même si les nouvelles rassurantes sur l'état des cultures de soja en Amérique latine ont causé une baisse du soja, avec des répercussions mécaniques passagères sur le blé et le maïs.
La compétitivité du blé français pâtit de la parité euro-dollar
Après cette hausse de fin de semaine dernière, les prix se sont consolidés sur le marché à terme européen, Euronext, et sur le marché physique avec un blé tendre standard à 200-201 euros, rendu Rouen. Les vendeurs, producteurs et organismes stockeurs, à ce prix, reviennent au marché. Le courant d’affaires est régulier, y compris en prochaine campagne à 190 euros rendu Rouen sur octobre-décembre. L’euro à près de 1,32 dollar rend évidemment le blé français beaucoup moins compétitif, en particulier par rapport au blé américain, par ailleurs favorisé par les taux de fret. Bruxelles a cependant accordé, la semaine dernière, des certificats d’exportation de blé pour 218 000 tonnes, dont 177 800 tonnes pour la France.
Les prix de l’orge fourragère restent accrochés à ceux du blé, à 200 euros rendu Rouen et, contrairement au blé, on note des vendeurs parcimonieux compte tenu de la faiblesse des disponibilités. Le maïs profite, auprès des Fab bretons, d’une bonne parité de prix par rapport aux céréales à paille et maintient un courant d’activité vers l’amidonnerie.