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Le foncier viticole : un marché vif et des prix en hausse

Le marché du foncier viticole affiche une insolente santé. Mais la progression est moins marquée en vignes AOC, ce qui préfigure peut-être une inversion de tendance dans cette catégorie.

Alors que l’économie viti-vinicole française est annoncée en péril, au point que la vénérable institution de l’AOC est exposée à une réforme dont le président du comité vins et eaux-de-vie de l’INAO présentera les grandes lignes ce mardi, le marché du foncier viticole affiche une insolente santé.

La fédération des SAFER, dans son étude sur le foncier rural en 2003 (notre édition du 30/4) a consacré un chapitre spécial, mérité, au marché des vignes. L’an dernier, 16 200 ha de vignes ont fait l’objet de 11 700 transactions. C’est une progression en surface par rapport à 2002, de 7,3 % et de 4,1 % en nombre de transactions. Quant à la valeur de ces échanges, elle a porté sur 526 M€, en hausse de 12,8 % sur l’année précédente.

En 2003, le prix des vignes AOC a poursuivi la hausse initiée en 1994 pour atteindre un prix moyen à l’hectare de 73 100 € ; rappelons que c’est la seule production agricole dont le prix à l’hectare peut rivaliser avec des terres vendues en vue de leur artificialisation, c’est-à-dire cédées à des collectivités pour installer des infrastructures telles que des routes ou des zones industrielles, ou à des particuliers comme terrains à bâtir. Notons toutefois que la hausse des prix du vignoble AOC n’a progressé que de 4 % en 2003, ce qui constitue un ralentissement par rapport aux années précédentes. Ce ralentissement est sans doute imputable à une certaine dégradation du contexte économique viticole : marché saturé, évolution négative des exportations, menace des vins du Nouveau Monde, stocks surabondants dans certaines appellations. La Fnsafer considère que ce ralentissement pourrait annoncer un retournement de tendance qui est déjà perceptible en Bourgogne et surtout en Bordelais.

La relation entre le prix de la terre et celui du produit

Les vignes non AOC, en revanche, ont enregistré en 2003 une forte reprise (+ 12,8 %) après avoir connu 2 années de dépression :

- 8 % en 2001 et - 1 % en 2002. Cette reprise est le fait de la forte augmentation (+ 12,9 %) des vignes de vins de pays, mais aussi des vins de table (+ 11,8 %). Il est vrai que dans ces deux cas, la campagne 2003-2004, caractérisée par une faible récolte a connu une hausse des prix des vins dont ont plus bénéficié ces deux dernières catégories, que nombre de régions d’appellation d’origine.

Cela étant, ce sont quand même les régions à fort pourcentage d’AOC qui dominent la fourchette des prix, même si quelques-unes accusent une tendance baissière. Au sommet : le vignoble champenois avec ses 435 000 € dont le prix a doublé en 12 ans ; mais avec 148 700 €, l’Alsace a progressé de façon plus spectaculaire encore : triplement en 12 ans, dont + 22,7 % entre 2002 et 2003 !

Le vignoble bourguignon vient en 3e position avec 73 400 €, mais une baisse de 1,6 %. Il est suivi par le Bordelais avec 50 300 €, en baisse de 7,4 %. Avec 41 000 € et une hausse de 7,9 %, la vallée du Rhône se porte bien. C’est aussi le cas du vignoble Provence-Corse qui avec 21 800 € progresse de 6,9 %. Pour un autre grand vignoble, celui du Val de Loire qui s’étend du Centre au Pays Nantais, à 22 200 € l’hectare, la progression est laborieuse avec des évolutions très différentes selon les secteurs : forte baisse du vignoble Muscadet, confirmant une tendance qui s’est traduite par une chute de moitié des prix en 10 ans, stabilité globale des prix en région Centre mais hausse considérable dans le Sancerrois, Quincy et Reuilly. La Touraine connaît aussi une tendance baissière.

Le Languedoc-Roussillon et le Sud-Ouest ferment la marche avec respectivement 14 100 et 14 000 €, mais une progression de 2,9 % pour la première région et une quasi-stagnation pour la seconde. Il faut rappeler cependant qu’elle avait enregistré une hausse notable en 2002 (+ 6,8 %) ;

Enfin, soulignons une particularité du foncier viticole : 62 % des acquéreurs de vignes sont des agriculteurs (viticulteurs) non fermiers en place, contre 39 % seulement pour l’ensemble du marché des terres agricoles.

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