Le dialogue, quel dialogue ?
La FNSEA s’est réjouie cette semaine de « l’esprit de dialogue » affiché par Nicolas Hulot, élevé en quelques mois au rang invraisemblable de conscience écologique de la politique française. On comprend bien que le syndicalisme majoritaire préfère avoir pour interlocuteur dans la campagne pré-présidentielle le sympathique animateur d’Ushuaia plutôt que le brutal José Bové. Mais de là à considérer que l’auteur du Pacte écologique fait preuve « d’ouverture» sur l’agriculture et que ses propositions dans ce domaine doivent faire l’objet d’un examen attentif, il y a un sacré pas à franchir. Dans les quelques pages qu’il consacre dans son livre à l’agriculture, Nicolas Hulot dresse un constat qui ne brille guère par son originalité et se résume à une condamnation sans appel de l’agriculture « industrielle», fondée sur des arguments très contestables. Affirmer qu’une économie fondée sur les seuls produits de terroir et tournée vers les marchés de proximité va remplacer l’agriculture compétitive et exportatrice que possède la France, cela n’est pas très sérieux. Dire que l’on va ainsi créer des emplois, c’est abuser de la crédulité publique. Quant aux solutions proposées par Nicolas Hulot pour réorienter les aides de la Pac, elles prêtent franchement à sourire. Si vous ne l’avez pas lu ailleurs, sachez-le : les aides seront réorientées vers les entreprises de la restauration collective et les associations de solidarité afin qu’elles achètent en priorité des produits issus de « l’agriculture durable et de qualité ». José Bové fait beaucoup de dégâts dans les cultures et les stocks d’OGM ; Nicolas Hulot commence à en faire dans les esprits.