Le dépistage des ovins se heurte à l'Aïd
Y aura-t-il encore prolongation du dépistage des ovins ? Le ministère de l'Agriculture n'était pas, hier matin, capable de répondre. Or, le temps presse, à quelques jours de l'Aïd El Kébir. Prévu le 31 décembre ou le 1er janvier, le sacrifice du mouton risque d'être perturbé par des tests de la tremblante devenus systématiques. L'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) a cependant rendu, au début du mois, un avis défavorable à la poursuite du dépistage exhaustif des encéphalopathies spongiformes transmissibles chez les ovins à l'abattoir. Un arbitrage est attendu de la part de Matignon.
Exception française
La gestion de ce dossier interministériel est pour le moins chaotique. Il y a quelques semaines, le gouvernement annonçait la prolongation des tests systématiques sur les animaux de réforme au moins jusqu'au 31 décembre 2006. Pourtant, le calendrier prévoyait d'y mettre fin au plus tard en novembre. De nombreux retards au démarrage peuvent expliquer la volonté du ministère de la Santé de maintenir le programme. Mais comment expliquer la saisine en urgence de l'Afssa le 22 novembre ? Le Comité d'experts spécialisé sur les ESST a d'ailleurs manifesté son mécontentement face au délai très court demandé par la DGAL.
Du côté des professionnels, la principale critique porte sur le caractère national du dépistage systématique. Un règlement européen du 7 juillet 2006 fixe pour la France à 42 400 la taille minimale de l'échantillon d'ovins sains abattus devant subir des analyses EST. Depuis la mise en place effective à partir d'avril 2006 du plan de surveillance exhaustive à l'abattoir, 210 000 bêtes ont subi des tests, indique l'Afssa. « Ce dispositif est stupide, incohérent, onéreux, proteste Jacques Giroux, d'Interbev ovins. On demande un dépistage aléatoire, conformément au souhait de Bruxelles. »
L'Aïd El Kebir pourrait donner un coup d'arrêt au programme. « Si les tests systématiques sont maintenus, la communauté musulmane ne pourra pas disposer d'animaux conformes à leur rite, en raison du délai de réalisation des dépistages et de l'incertitude sur la disponibilité des laboratoires d'analyse un jour férié», souligne Nicolas Douzain, directeur de la Fédération nationale de l'industrie et du commerce en gros des viandes (FNICGV). Autre hypothèse, l'administration pourrait mettre certaines règles entre parenthèses lors de l'Aïd. C'est d'ailleurs ce qu'elle fait pour la démédullation des ovins.