Le contre-exemple de la volaille
C’est au début des années 1990 que les importations de viande de volaille en provenance du Brésil et de Thaïlande ont commencé leur progression. « Il s’agissait d’abord de viande congelée pour l’industrie de la transformation, puis progressivement ce sont des pièces de viande qui ont commencé à entrer sur le marché européen », raconte Gilles Le Pottier, délégué général du Comité interprofessionnel de la dinde française (Cidef). La France, naguère producteur numéro un de volailles en Europe, a vu sa production baisser de 18,7 % entre 2000 et 2010, à 1,815 million de tonnes, sur un marché européen à 27 de 12 millions de tonnes (les trois quarts en poulet), selon l’Itavi. Dans le Grand Ouest, la Bretagne a perdu 31 % de ses effectifs de volailles entre 1997 et 2007, les Pays de la Loire 12 %. « Depuis une dizaine d’années, les échanges extérieurs français de viandes et préparations se détériorent », analyse l’Institut technique dans sa note de conjoncture de novembre 2011. La France continue d’exporter avec vigueur (624 200 tonnes équivalent carcasse (tec) en 2010, soit 34 % de sa production) mais ses importations progressent plus vite, à 454 000 tec. Elles viennent du Brésil, bien évidemment, mais de plus en plus aussi d’Allemagne, des Pays-Bas ou de Belgique, en frais pour la grande distribution, « l’allongement de la DLC annulant l’avantage des filières françaises », ajoute Gilles Le Pottier. Aussi le Cidef se félicite-t-il de l’adoption par l’Europe, à l’automne dernier, d’une directive portant sur l’identification d’origine des produits importés. La directive donne un calendrier. À moyen terme, le consommateur sera informé de l’origine de la viande de volaille qu’il consomme.
Il y a fort à parier qu’il sera surpris. 40 % de la viande de volaille consommée en France est produite ailleurs, selon l’Itavi.