Le commerce équitable se cherche encore
Le premier salon « Pour un commerce équitable », qui s'est tenu du samedi 1er au mardi 4 octobre, à l'Ile-Saint-Denis (93), avait pour objectif d’abord de « démontrer les potentialités alternatives et complémentaires aux échanges traditionnels» comme l'a annoncé Patrick Braouezec, le député (PC) et président de la communauté d'agglomération. Mais aussi faire connaître à un public le plus large possible l'équité dans les échanges commerciaux. Des objectifs pleinement atteints en termes de fréquentation (plus de 8 500 visiteurs grand public et 1 500 professionnels) mais plus difficiles à atteindre dans la pratique.
Si 56 % des Français ont entendu parler du commerce équitable, il représente moins de 1 euro dans le panier moyen. La France fait office de mauvais élève, les pays nordiques y consacrant 5 euros, les Suisses allant jusqu'à 14 euros.
Fragilité économique
L’organisateur de cet évènement, la société Minga avait réuni une centaine d'exposants issus de 20 pays : artisans cubains, stylistes africains, torréfacteurs d'Amérique latine, ou même tisseurs de coton indien et bijoutiers touaregs. Cette diversité dissimule le manque de cohérence d’un secteur en crise et qui a du mal à faire sa place dans les circuits de la grande distribution. Les 102 entreprises du salon représentent un CA de 100 M Eur pour un capital cumulé de 8 M Eur seulement. Autant dire qu'elles sont de toutes petites entreprises. D'où la difficulté d'être réactives sur un marché sans cesse en mouvement, demandant des résultats de productivité ou des volumes importants pour être présent dans les linéaires.
De plus en plus connu du grand public, le commerce équitable reste fragile économiquement : sur le salon presque 25 % des exposants étaient au bord du dépôt de bilan. Si seulement 10 % des sociétés de commerce équitable présentes sont adhérentes à l'association Minga, elles ont toutes été sélectionnées sur la base d'un cahier des charges rédigé par l'association, qui certifie toute la chaîne du produit, de la production jusqu'au consommateur en passant par les différentes phases de commercialisation.
Selon Eric Marchand, administrateur chez Minga, la simple certification d'un produit « a des limites », comme AB (comme agriculture biologique), la plate-forme du commerce équitable ou Max Havelaar. « Il faut aller plus loin, tout l'aspect commercialisation du produit n'est pas pris en compte ». De plus, le commerce équitable ne doit pas « seulement exister dans les transactions entre les pays du Sud et ceux du Nord mais dans toutes -absolument toutes- les transactions » surenchérit Bernard Marrey, le président de Minga.