Le commerce équitable grossit à vue d’œil
Café en tête, le commerce équitable poursuit sa croissance, en espérant finir un jour par sortir de la niche où il se trouve. De 70 millions d’euros en 2004, les ventes de cette catégorie de produits se sont élevées à 115 millions d’euros en 2005. « Le commerce équitable n’est pas une finalité en soi. C’est pour favoriser le développement économique», a expliqué hier Jean-Pierre Blanc, directeur général de Malongo. L’entreprise spécialisée dans la torréfaction et la commercialisation de café (70 M Eur de CA) réalise aujourd’hui 35 % de son activité grâce au commerce équitable, qui repose sur quatre piliers : un prix minimum garanti, un engagement social, le préfinancement des récoltes et un appui au producteur.
Le potentiel de croissance reste énorme, puisque la somme consacrée par chaque Français à l’achat de produits issus du commerce équitable atteint 2 euros… par an. Dans le secteur du café, il représente maintenant 5 % des ventes, mais globalement le commerce équitable ne séduit qu’une partie de la population bien ciblée, à en croire un sondage présenté hier.
Un courant de sympathie
Plutôt féminin, cadre et diplômé, ce public est aisé et urbain en majorité. Selon TNS Sofres, un Français sur quatre achèterait un produit « commerce équitable » au moins une fois par mois, mais l’institut de sondage reconnaît que « cette déclaration d’achat est sans doute surévaluée par rapport à l’achat effectif».
Pour autant, ces produits dégagent un véritable courant de sympathie, et 60 % des personnes interrogées ont « vraiment confiance » dans cette démarche. Certaines multinationales commencent à se pencher sur le commerce équitable, bien que certains labels se rapprochent plus du développement durable et suscitent des interrogations sur leur bien fondé. « Les multinationales ont du mal avec la notion de prix minimum», explique M. Blanc, qui de 2000 à 2004 a acheté son café équitable au double du prix du marché. « Et aujourd’hui nous avons décidé de comprimer notre marge sur ces produits, pour n’avoir un différentiel de prix que de 5 % environ » poursuit le directeur général de Malongo.
Lancée en 2005 (sur le papier) par Christian Jacob, alors ministre des PME et du Commerce, l’idée d’une commission nationale du commerce équitable fait son chemin, et n’attend plus que la parution d’un décret pour être mise en place. Un cahier des charges est déposé à l’Afnor. Cette commission pourra faire le tri entre ce qui est du ressort du commerce équitable, et ce qui ne l’est pas, mais n’aura qu’un rôle de recommandation. Chez Max Havelaar, pionnière dans la labellisation commerce équitable, le développement des débouchés fait des enthousiastes. « Le riz, le chocolat, la banane, le thé et les jus ont des potentiels de croissance de 80 à 100 % par an » a estimé un de ses représentants. « Je crois que nous sommes au début de quelque chose».