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Le commerce du bétail se met à l'heure des cadrans



Alors que le marché au cadran du porc breton à Plérin peine à redresser la tête, malgré une nouvelle convention, dans le secteur des ruminants, ce type de vente prend de l'ampleur. Pour le commerce des broutards notamment et des ovins, des éleveurs voient un intérêt à commercialiser leurs animaux par ces marchés où ils trouvent parfois une meilleure valorisation.

Jadis cantonnés à certaines régions ou types d'animaux, les marchés au cadran ont pris une place croissante dans le commerce des bovins, surtout maigres, et dans celui des ovins. Une montée en puissance qui est favorisée par les éleveurs pour des raisons économiques, mais aussi sociales. Les Marchés Hebdo ont enquêté.

Naguère très minoritaires dans le commerce du bétail, les cadrans concentrent désormais près d'un tiers des effectifs d'animaux échangés sur les marchés aux bestiaux avec une représentativité particulièrement élevée dans le commerce des animaux maigres ou encore des

À Hérolles, les apports en ovins ont plus que triplé

” ovins. Le phénomène s'explique en partie par la montée en puissance régulière des quelques marchés précurseurs de ce mode de commercialisation, comme celui de Moulins-Engilbert (Nièvre). Avec 77 000 têtes commerciali-sées en 2014, le cadran ovin et bovin nivernais se classait au 4e rang des marchés aux bestiaux français et pourrait même intégrer le podium sur l'année 2015.

Un mouvement de fond

Mais l'envolée des cadrans tient surtout à la création récente de nouveaux marchés ou à celle au sein de marchés de gré à gré de vente aux enchères. « C'est un mouvement de fond », reconnaît Gilles Rousseau, qui préside depuis vingt-cinq ans la Fédération des marchés de bétail vif, au sein de laquelle cohabitent les différentes formes d'organisation. Le président du comité des foires des Hérolles (Haute-Vienne) est bien placé pour analyser la tendance. « Son » marché, où l'on ne com-mercialisait jusqu'à 2015 que des agneaux de gré à gré, est depuis le 15 juin dernier un cadran où transitent à la fois des ovins et des bovins. « Si l'on met à part l'impact conjoncturel de la fièvre catarrhale, les apports en ovins ont plus que triplé, passant de 100-200 à 600-700 en moyenne », relève Gilles Rousseau. En quelques semaines, le marché a également conquis 300 adhérents en bovins, sur une activité jusque-là inexistante. Les Hérolles est le dernier d'une longue liste de marchés à être passés à l'heure du cadran. En 2009, Saint-Christophe-en-Brionnais (Saône-et-Loire), qui a conservé une activité de gré à gré pour les bovins viande, a créé un cadran pour les bovins maigres aux-quels participent éleveurs et négociants. En 2011, c'est au tour d'une autre place forte des marchés, Parthenay (Deux-Sèvres), d'adopter la vente aux enchères pour les bovins, avant de mettre en place en septembre dernier la criée pour la commercialisation des ovins.

« Des effectifs en nette hausse à Mauriac »

En 2014, Mauriac (Cantal) mute à son tour, en convertissant un marché traditionnel en marché au cadran. « En dépit de la fermeture du marché pendant six semaines en septembre-octobre en raison de la FCO, les effectifs sont en nette hausse pour notre seconde année, avec 19 300 têtes contre 15 000 l'année dernière », indique Michèle Chastan, la présidente du marché. « Nous comptons d'ores et déjà plus de 600 partenaires. Cela veut bien dire que nous répondons à une demande. » Michèle Chas-tan espère que son marché aura atteint, dès 2015, l'équilibre financier. « Je pense que le phénomène va se poursuivre », reprend Gilles Rousseau, qui signale que d'autres marchés, comme Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne), sont aujourd'hui « en réflexion ». « Les cadrans créent une attraction auprès d'un nombre croissant d'éleveurs qui en ont assez des délais de paiement trop élevés et souhaitent bénéficier d'un espace sécurisé pour leurs transactions », poursuit le président de la FMBV.

Focus

LES MARCHÉS IMPACTÉS PAR LA FCO

La fièvre catarrhale ovine a eu un impact très négatif sur l'activité des marchés.

« Pourtant, l'année 2015 avait très bien commencé, avec la progression très forte, entre avril et septembre, des ventes de maigres vers la Turquie », regrette Gilles Rousseau. « Au total, au lieu de progresser de 5 %, l'évolution des apports devrait être légèrement négative », pronostique le président de la Fédération française des marchés de bétail vif dont les services publieront le bilan annuel des marchés aux bestiaux d'ici un mois. « Je remarque néanmoins que si certains marchés, comme Lezay, ont fortement décroché du fait de la FCO, d'autres ont été très dynamiques pendant cette période, comme Rabastens de Bigorre », note Gilles Rousseau. Le président de la FMBV, dont le marché des Hérolles, situé dans une zone de protection où les mouvements d'animaux étaient très réglementés, n'en est pas moins très remonté contre les conséquences économiques de la gestion sanitaire de cette maladie. « Les règles qui nous sont imposées ont des conséquences économiques considérables sur les éleveurs, les commerçants et les marchés.

Il est urgent de réfléchir à un déclassement de la FCO au niveau de l'OIE et de la Commission européenne. » Lors de la réouverture des marchés, l'abondance de l'offre a provoqué une baisse importante des cours. B. C.

La sécurité des paiements rassure

Sur les marchés au cadran, le contexte est favorable à l'offreur qui décide d'un prix de retrait et bénéficie de procédures de paiement simplifiées et rapides, avec pour seule contrainte d'avoir à apporter ses animaux. « Le besoin de sécuriser les transactions est général », souligne Gilles Rousseau, dont la fédération participe à la création de garanties de paiement avec le marché de Bourg-en-Bresse, le plus important marché aux bestiaux de gré à gré de France. Si certains commerçants en bestiaux ont accueilli parfois fraîchement ces structures pilotées par les producteurs et aux prix parfois plus élevés, d'autres ont joué le jeu. « Nous les avons associés étroitement à l'activité du marché et ils savent qu'ils sont écoutés », illustre Michèle Chas-tan, du marché de Mauriac. « On a vu également les comportements changer chez certains producteurs, avec des engraisseurs qui viennent acheter directement des génisses sur les marchés », complète Gilles Rousseau.

« Les cadrans bénéficient de l'engagement direct des opérateurs dans la structure. Cela en fait des outils naturellement plus durables. » Le développement du cadran est aussi un phénomène social, assurent les directeurs de marché. « C'est une rencontre régulière qui permet de briser l'isolement dans la ferme », remarque Gilles Rousseau. « Les éleveurs, mais aussi les négociants, se retrouvent sur le cadran, discutent et déjeunent entre eux. Même si ce sont des structures souvent plus lourdes, les cadrans rassurent les producteurs, mais aussi, souvent, les commerçants. Eux aussi bénéficient sur les marchés des mêmes garanties que les éleveurs », relève de son côté Michèle Chastan. Bruno Carlhian

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