Le colza toujours dans le sillage du pétrole

Jusqu'où ira la baisse du pétrole ? En dix-huit mois, le pétrole a perdu 75 % de sa valeur. Ce lundi, le baril est tombé en dessous des 28 dollars. En ce début de semaine, c'est la levée des sanctions économiques contre l'Iran qui pousse l'or noir à la baisse puisque ce pays a d'ores et déjà fait savoir qu'il entendait augmenter sa production de 500 000 barils/jour au cours de six prochains mois. Cela, alors que l'Arabie saoudite ne souhaite pas voir l'Opep limiter la production. Il semble clair que les pays dont les coûts d'extraction sont les plus faibles entament un bras de fer avec les producteurs dont les coûts sont plus élevés, en particulier ceux qui exploitent les schistes bitumineux. Les conséquences de cet effondrement des cours du pétrole sont multiples. Il impacte bien sûr directement les cours des huiles qui rentrent dans la composition du biodiesel, mais il fragilise également les économies des pays producteurs et obère leurs capacités à acheter les matières premières agricoles dont ils ont besoin.
Étant donné les niveaux maintenant atteints, le salut ne peut venir que de l'arrêt de production d'un certain nombre de pays. L'autre possibilité pourrait venir d'un redémarrage hypothétique de l'économie chinoise. Les cours du colza ont malgré tout légèrement rebondi ce lundi, mais de façon sporadique dans le sillage de l'huile de palme dont les stocks sont en baisse en raison d'importants achats chinois.
Sursaut du sojaSi les huiles sont particulièrement fragilisées, le soja dont la composante tourteau est plus importante a réagi en hausse la semaine dernière après la publication des derniers chiffres du ministère américain de l'Agriculture, l'USDA. Les cours semblaient vouloir consolider mardi matin après que les marchés aient été fermés ce lundi en raison du Martin Luther King Day, chômé aux États-Unis.
Pour l'USDA, la production américaine de soja est revue en légère baisse à 106,96 millions de tonnes (Mt) contre 108,35 Mt estimées le mois dernier avec un impact non négligeable sur la production mondiale qui recule également. Même chose au niveau des stocks dans la mesure où, selon l'USDA, les achats chinois, loin de ralentir, sont plus élevés que l'an dernier. Le moral des opérateurs est donc revenu au beau fixe même si globalement la production reste supérieure aux besoins. Côté météo, les pluies au Brésil retardent légèrement le début des récoltes alors qu'une chaleur caniculaire en Argentine est susceptible de gêner la bonne fécondation des cultures. P. Varnet