Le CNA fête ses 20 ans en travaillant
Réuni pour deux jours à Nantes, le Conseil National de l’Alimentation a mis l’actualité à profit. En sus de deux nouveaux avis sur l’alimentation des personnes âgées et sur l’obésité chez les jeunes, il a présenté hier un travail universitaire sur « les modes souhaitables de régulation du commerce international des aliments», alors que les négociations sur la libéralisation des échanges sont en cours à Hong Kong.
« Nous voulons étudier s’il existe des moyens juridiques, par l’OMC ou par l’Union européenne, pour obtenir un commerce alimentaire plus équilibré. Et ce n’est pas forcément antinomique avec l’OMC. Car si elle n’existait pas, les échanges seraient moins libres. Depuis 40 ou 50 ans, on arrive globalement à trouver des compromis, ce qui est positif», juge Daniel Nairaud, secrétaire général du CNA. Ce travail, réalisé par cinq universitaires, sera l’objet d’une confrontation avec l’ancien ministre de l’Agriculture Edgar Pisani.
Mais au-delà de ce dossier très axé sur la prospective, la rencontre de Nantes est l’occasion pour le CNA de présenter deux avis consécutifs à deux saisines opérées en septembre 2003. Suite à la demande du ministère de la Santé (intervenue quelques semaines après la canicule estivale), le Conseil s’est penché sur l’alimentation des personnes âgées. « C’est un avis très axé pratique. L’idée c’est de faire en sorte que l’on n’oublie pas le vieillissement des populations dans l’offre alimentaire. Car à partir d’un certain âge, l’accès à la nourriture devient un problème» explique M. Nairaud.
Le deuxième avis porte sur la prévention de l’obésité infantile, suite à la saisine du ministère de la Consommation. Réalisé par deux groupes de travail, il aborde la très jeune enfance (des premières semaines de la vie jusqu’à 6 ans) et « l’enfant indépendant », avec une étude de la publicité et de l’impact des médias qu’il subit.
Aller plus loin sur la nutrition
« Il est grand temps de lancer une alerte. Le PNNS est une ligne de conduite sur la nutrition, mais nous souhaitons aller plus loin, et ne pas toucher que l’alimentation. Il y a une stigmatisation des personnes en surpoids. Par exemple, à l’école les dispenses de sport ne sont pas forcément justifiées. Il n’y a rien de pire que de mettre au pilori les comportements perçus comme déviants » poursuit Daniel Nairaud qui n’a pas souhaité dévoiler plus d’éléments, les avis devant encore être validés (ou non) par les membres du CNA. Dorénavant âgée de 20 ans, l’organisme regrette de ne pas pouvoir donner force de loi à ses avis, qui restent consultatifs. Il existe bien un tableau de bord pour juger de leur efficacité et de leur suivi, mais les autorités de tutelle n’ont jamais vraiment cherché à donner plus de poids au Conseil. « Cependant aucun autre pays ne possède une telle instance. Nos avis déterminent parfois la position française sur un dossier. Le seul regret, c’est que nous n’ayons jamais reçu de vraie saisine sur les OGM. On a abordé les débats périphériques sur l’étiquetage, mais jamais la question de fond» regrette le secrétaire général. Quant à la création d’un observatoire de l’Alimentation, objet de l’avant-dernier avis publié, la proximité de Hong Kong a empêché le ministre de d’être présent à l’anniversaire du CNA. « J’attendais beaucoup de la venue du ministre, qui semblait très intéressé. Je ne crois pas que l’idée de l’observatoire soit enterrée, il est juste retardé» se rassure M. Nairaud.