Le « chèvroscope » a un goût amer pour la filière caprine
La page est définitivement tournée pour le Parc de la Chèvre de Linazay, dans la Vienne. Le 20 avril s’est déroulée la vente aux enchères des derniers actifs de l’entreprise, placée en dépôt de bilan depuis décembre 2004 et en liquidation judiciaire depuis le 21 février dernier. Avec un passif total de 270 000 euros, Cabrilia aura vécu à peine deux ans, malgré le soutien de la filière caprine régionale et les aides des pouvoirs publics. Créé par la volonté de l’ancienne majorité issue de l’équipe de Jean-Pierre Raffarin, ex-président de la région, le parc aura demandé 5,6 M Eur d’investissements, vivant pour 60 % sur fonds publics. La décision de la nouvelle patronne du Poitou-Charentes Ségolène Royal de mettre un frein à la dépense aura finalement sonné le glas de l’entreprise. Cabrilia, avec 8 000 visiteurs par an ne pouvait atteindre son seuil de rentabilité.
Sans volonté politique de continuation, il lui était désormais impossible de survivre, et cette vente n’est que le dernier épisode d’une belle aventure pour l’image caprine locale. Un tracteur, des remorques, du matériel de bureau ou une cage de retournement pour taille d’ongles ont rapidement trouvé preneur, le matériel étant pratiquement à l’état neuf. Le cheptel et le matériel de traite avaient quant à eux déjà été bradés le 1er avril dernier pour la somme modique de 50 000 euros. Le tout ne pourra hélas couvrir qu’une partie du passif – à peine 30 % – beaucoup de fournisseurs devant passer leur dette par pertes et profits. Restent les locaux et ce qui ne peut se dissocier du foncier, appartenant à la Région, propriétaire du site. Ils devraient logiquement être réaffectés au projet nébuleux de Ségolène, qui escomptait récemment faire de cette vitrine de la chèvre un atelier relais. Mais à Linazay, et dans la Vienne, les éleveurs trouvent désormais à leurs fromages un goût bien amer.