Le champagne victime de son succès
Du mousseux, des chaussures, des cigarettes, des colas, des cosmétiques et même des jouets pour chien. Les exemples de produits usurpant la prestigieuse appellation Champagne ne manquent pas, leur nombre ayant même tendance à augmenter avec le succès croissant de notre boisson nationale. La semaine dernière encore, 10 000 bouteilles de faux Champagne ont été saisies et détruites en Belgique. Pour récupérer l’exclusivité de l’appellation, le comité interprofessionnel (CIVC) débourse annuellement 2 M Eur. Longtemps artisanal, le combat prend aujourd’hui une forme plus efficace. Des accords ont été signés avec l’Afrique du Sud, l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Canada et 17 pays de l’union Ouest Africaine. Même la Chine reconnaît à la France l’exclusivité du nom et a permis des prises de contrefaçons sur son sol. Pour la filière champenoise reste essentiellement aujourd’hui deux gros problèmes à régler : la Russie et les pays de l’ex-URSS et les Etats-Unis.
Aux Etats-Unis, utiliser Champagne, considéré comme un nom descriptif, est permis par la loi. « Des dizaines de milliers de vignerons respectent nos règles. Seuls trois usurpateurs (ndlr : et non des moindres !), à savoir Constellation, Gallo et Korbel commercialisent 50 M de bouteilles de faux Champagne », déplore Bruno Paillard. Le CIVC lance une nouvelle pub dans les magazines américains avec le slogan : « Masquerading as Champagne, might be legal, but it isn’t fair » (traduction : se déguiser en Champagne est peut-être légal mais ce n’est pas juste).