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Le broutard français persona non grata

L’exportation de broutards vers l’Italie est en panne. Rome a déclenché une clause de sauvegarde face à l’épidémie de fièvre catarrhale sévissant en France. Dans leur ordonnance publiée samedi 1er mars, les autorités italiennes en précisent les contours. Les broutards et les veaux de moins de 80 kilos provenant des zones françaises réglementées doivent être vaccinés pour entrer sur le marché transalpin. Cette mesure est effective depuis la nuit dernière à minuit. Les bovins en transit échappent aux restrictions. Ceux destinés à l’abattage aussi, à condition notamment d’être tués 24 heures après leur arrivée dans un établissement agréé.

L’embargo italien risque de se prolonger de longues semaines compte tenu des contraintes imposées aux animaux vaccinés. Selon les vaccins disponibles, il est nécessaire d’opérer un « rappel » à 21 ou à 30 jours puis de respecter un délai de 60 jours avant l’expédition des bovins vers la péninsule. Ce qui aboutirait au blocage de toute exportation de bovins vers l’Italie pendant au moins trois mois.

Des listes fournies par les professionnels

La situation est d’autant plus compliquée à gérer que le plan de vaccination commence à peine et ne devrait atteindre son rythme de croisière que début avril. A cette date, 3 à 4 millions de doses seraient disponibles, indique-t-on de sopurce professionnelle. Le gouvernement a établi des priorités pour les 16 départements historiquement touchés par l’épidémie de FCO, pour les ovins, pour les reproducteurs mais aussi pour les flux commerciaux vers l’exportation. Les professionnels français ont établi des listes d’animaux susceptibles de quitter le territoire français. « Nous essayons de gérer les doses au plus près de la demande », a expliqué aux Marchés Jacques Poulet, le directeur de Coop de France Bétail et Viande.

En réaction à la décision italienne, la Fédération française des commerçants en bestiaux (FFCB) affirme pour sa part qu’elle « n’appellera à la reprise des échanges que sur la base d’éléments concrets garantissant la visibilité indispensable à une gestion acceptable des risques pour les entreprises ».

Dans un communiqué daté du 29 février dernier, la fédération dit notamment attendre des réponses sur l’acceptation par les autorités italiennes de l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU) du vaccin français, une définition « claire et partagée » des procédures de vaccination et des modalités administratives de certification, la définition de la notion de troupeau vacciné, la validation interprofessionnelle du nombre de doses et de leur répartition géographique.

La direction générale de l’alimentation (DGAl) a entamé des négociations pour obtenir un raccourcissement des périodes de latence prévues dans la procédure vétérinaire, notamment pour les animaux destinés directement à l’abattage sur place et pour les animaux de moins de 60 jours (« veaux de 8 jours »). Les professionnels espéraient un dénouement heureux de la réunion, aujourd’hui, du comité permanent de la chaîne alimentaire et de la santé animale. Une réunion préliminaire France, Italie et Commission devait avoir lieu hier. Nous n’en avions pas obtenu le résultat à l’heure où nous mettions sous presse.

Des rotations plus courtes en atelier

Les professionnels du bétail tentent d’ores et déjà d’anticiper la chute probable du courant d’exportation vers l’Italie et le retour probable d’une partie de cette « marchandise » sur le marché de la viande en France. Coop de France Bétail et Viande a ainsi indiqué qu’il étudiait la mise en place de rotations plus courtes dans les ateliers d’engraissement afin de développer leurs capacités. Les animaux sortiraient ainsi à 380/400 kg. « On ne souhaite pas de retrait », précise Jacques Poulet, de Coop de France, en précisant par ailleurs que sur 250 000 animaux exportés ces derniers mois, il y a eu seulement 200 cas positifs.

Sur le terrain, l’embargo transalpin est d’autant plus mal perçu par les professionnels locaux que ces derniers, avertis de la menace d’un embargo dès la mi-février, avaient anticipé leurs exportations, en bradant leurs broutards, selon le mot d’un responsable du groupement GLBV. De sérieuses perturbations sont attendues dans les semaines à venir. Hier, au foirail de Rabastens de Bigorre, on a noté une suspension de la cotation, avec un « marché non représentatif », des « apports minimes ». Sur le seul département de la Haute-Vienne, on estime les besoins à près de 15.000 doses pour vacciner les veaux de plus de cinq mois.

L'inquiétude règne dans cette région particulièrement touchée par cet embargo. Que ce soit en Corrèze, en Creuse ou en Haute-Vienne, les broutards restent désormais dans leurs étables, attendant la livraison d'un vaccin qui ne fera que soulager un mal plus profond.

Rédaction Réussir

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