Le broutard français cherche à réduire sa saisonnalité
« La réduction de la saisonnalité de la production est un enjeu primordial de la filière pour les années à venir », a déclaré Jean Bonnet, au nom des naisseurs de bovins, lors d’un colloque organisé par Interbev au Sommet de l’élevage. Son intervention s’est appuyée sur une étude remise au Groupement Viande Lait du Massif Central, intitulée « Comment pérenniser le débouché des animaux maigres sur le marché transalpin ?». L’Italien reste friand de broutards français. Mais, la concurrence menace. Au point que Jean-Pierre Houssel, d’Ubifrance Milan, s’est interrogé sur une « rupture de confiance » avec notre client traditionnel. « Les années 2005 et 2006 ont montré une accentuation du caractère cyclique de l’activité, avec d’importants écarts de prix, a souligné l’auteur de l’étude. Résultat, les produits de filières cèdent du terrain et les premiers prix se développent, notamment en vaches polonaises, danoises, allemandes ou en buffles brésiliens. »
L’étude d’Ubifrance souligne l’importance d’un approvisionnement régulier du marché italien en bovins maigres. Deux leviers d’actions sont proposés par GVL, afin de réduire la saisonnalité des broutards du Massif Central. « L’étalement des vêlages entraîne une modification en profondeur des systèmes de production, mais paraît indispensable quand on constate en charolais que le nombre de vêlages varie d’un facteur sept entre les mois les plus creux et les plus élevés», a indiqué Jean Bonnet. Pour lui, il convient de viser un objectif quantitatif modéré. A titre d’exemple, une étude sur la race salers met en évidence la nécessité de décaler 10 % des vêlages sur chacune des périodes creuses afin d’obtenir une courbe de sorties idéale des broutards. « On parviendra à lancer le mouvement si des incitations financières, suffisantes et limitées dans le temps, sont accordées», a-t-il souligné.
Un autre levier réside dans la repousse. Cette pratique a permis de commercialiser des animaux à des périodes plus creuses par le passé.
Trouver des crédits
La mise en place des aides liées à la Pac a entraîné une concentration des ventes sur des périodes de forte production. « Désormais, la repousse des animaux doit être relancée et organisée, a poursuivi Jean Bonnet. Elle doit être mise en place de manière indépendante ou dans le cadre des organisations de producteurs (OP) et des entreprises. Dans tous les cas, un soutien des collectivités est à envisager. »
D’après lui, la réalisation de ces objectifs doit nécessiter l’établissement de projets d’amélioration de la saisonnalité de la production dans les OP. Elle passe par une incitation financière et transitoire, visant à décaler les vêlages sur la période d’été à automne, une identification des éleveurs et des systèmes de production les plus adaptés à un passage vers des vêlages dessaisonnés. Cela nécessite également un appui technique prenant en compte les modifications liées au changement de système de production. Le GVL espère obtenir un financement des Conseils régionaux et dans le cadre des Contrats de Plan Etat Région.