Le «boulevard Saint Germain» est ressuscité
Dans l’histoire du syndicalisme agricole français, le « boulevard Saint-Germain » est une référence bien connue. C’est sur cette célèbre artère de la capitale que fut installée la société nationale d’encouragement à l’agriculture (SNEA), créée dans les années 1880 par Léon Gambetta. La SNEA, puis la fédération nationale des syndicats agricoles et la fédération nationale de la mutualité et de la coopération agricole qui y étaient installées, vont longtemps incarner l’une des deux grandes tendances du syndicalisme, celle imprégnée des valeurs du coopératisme et du mutualisme agricole, par opposition à la « rue d’Athènes », siège de la société des agriculteurs de France (SAF), représentant les grands agriculteurs propriétaires. C’est donc dans cette lignée historique « de gauche » que s’est créé il y a quelques mois un groupe Saint-Germain réunissant des intellectuels de différentes disciplines sous la présidence de Stéphane Le Foll, député du groupe PS au Parlement européen. Le premier numéro des Cahiers du groupe Saint-Germain qui sort ces jours-ci montre la volonté de la gauche réformiste de réinvestir le champ agricole, sans condamner la notion de progrès. « Ce que l’on nomme la nouvelle ‘modernisation’ de l’agriculture signifierait donc l’adoption de techniques agricoles positives pour l’environnement tout en étant productives quantitativement», peut-on lire dans le manifeste. Parmi les contributeurs à cette revue figurent notamment Edgard Pisani, président d’honneur du groupe, Bertrand Hervieu, ancien président de l’Institut national de la recherche agronomique, Jean-Claude Flamant, directeur de la mission d’animation des Agrobiosciences, ou encore Lucien Bourgeois, l’une des têtes pensantes de l’assemblée permanente des Chambres d’Agriculture. Bref, que du beau monde.