Le bioéthanol veut une évolution réglementaire
Discrets depuis quelque temps, les représentants de la filière bioéthanol ont pris la parole hier, à un mois du « Grenelle des agrocarburants ». L’occasion pour eux d’évoquer les petites contrariétés qui ralentissent leur développement. Si le secteur de la production réussi à réaliser ses objectifs, plusieurs écueils font surface.
Ainsi, en 2007, les essences vendues dans l’hexagone contenaient 3,5 % de bioéthanol, et doivent passer à 5,75 % cette année pour répondre aux objectifs nationaux. Or, ce chiffre exprimé en teneur énergétique correspond à 8 % d’incorporation en volume, un niveau pour le moment interdit par la réglementation communautaire, avec une limite à 5 % en volume. Le biodiesel a obtenu une dérogation pour se conformer aux attentes, mais un mouvement similaire se fait attendre pour les essences.
De 5 à 10%
Les industriels, qui ont investi 1 milliard d’euros dans la construction d’unités de production envisagent d’explorer toutes les pistes pour tenir leurs engagements d’incorporation. « Pour 2008, cela va être difficile, mais ce sera possible » assure Alain d’Anselme, président du Syndicat national des producteurs d’alcool agricole, qui espère la révision rapide des textes européens sur la qualité des carburants. Espérée pour cet été, avec une transposition en droit national attendue en automne, elle doit permettre de faire passer l’incorporation directe de 5 à 10 % de bioéthanol. L’ensemble de la filière demande des mesures correctives sur l’écopastille. Le dispositif encourage ou pénalise financièrement les propriétaires de véhicules en fonction de leurs émissions de CO 2 et sur ce point, aucune distinction n’est faite entre les véhicules flex fuel et les autres, ce qui ne prend pas en compte les économies de gaz à effet de serre réalisées en amont.
Un autre désagrément est apparu, avec une disponibilité du bioéthanol moindre que prévu. La charte E85 signée entre les professionnels et l’Etat prévoyait la mise en place de 500 à 600 points de vente de carburant E85 en 2007, mais seules 200 pompes étaient recensées à la fin de l’année dernière. Si la grande distribution a joué le jeu avec 3/4 de ses objectifs réalisés, les pétroliers comme Total ou BP portent le bonnet d’âne, avec 25 % seulement. Invitée à présenter les expériences menées à l’étranger, une intervenante de la ville de Stockholm a dressé un tableau très encourageant du développement du bioéthanol qui reste lié à une très forte politique d’incitations. Mais avec un prix à la pompe plus bas, accentué par la montée des cours du pétrole, la filière bioéthanol dispose d’atouts et espère ne pas repartir les mains vides du Grenelle des agrocarburants. Ce rendez-vous sera l’occasion de demander une revalidation des objectifs de la charte E85, la reconnaissance des bienfaits du bioéthanol en termes de gaz à effet de serre ou encore une nouvelle confirmation de la volonté d’indépendance énergétique, pour ne pas briser un élan encore incertain.