Le bioéthanol poursuit sa pression sur le maïs
La production de bioéthanol semble devoir se stabiliser aux États-Unis, mais elle absorbera quand même une forte part de la production de maïs. Même si la filière bioéthanol n’était plus subventionnée aux États-Unis, sa consommation devrait se poursuivre.
Outre les impacts en domino des disponibilités aux États-Unis et des prix sur le marché du maïs mondial, toutes les matières premières sont affectées par les évènements survenant autour des biocarburants. C’est pourquoi le Céréopa, lors de sa journée Vigie Matières Premières le 15 novembre dernier, a consacré un long moment d’échange sur le sujet avec Olivier Gross, de Commosupply (négoce en produits agricoles).
Grands pour l’univers agricole mais petits sur le marché de l’énergie, les agrocarburants ont connu incontestablement une croissance exponentielle depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Et pourtant, ils ne représentent que 2,7 % de l’ensemble des énergies destinées aux transports routiers dans le monde. La crise économique place 2012 sous de moins bons auspices : les biocarburants peuvent-ils vivre leur vie en dehors des aides ? Les perspectives de récession dans les pays de l’OCDE laissent en effet craindre une perte de soutien des États. L’engagement de l’Union européenne dans ce secteur semble pour l’instant pérenne, le récent accident nucléaire de Fukushima sur fond de risque de raréfaction des énergies fossiles donnant des arguments complémentaires aux utilisations de toutes les sources d’énergie.
Vers une disparition des aides directes ?
Les biocarburants bénéficient non seulement d’une image positive mais de réels avantages logistiques (stockage et transport aisés et sans danger). L’Allemagne parle même de passer d’une obligation de 7 à 10 % d’incorporation dans les carburants routiers. Cependant, la pression des déficits publics des États pourrait faire disparaître les aides directes.
L’éthanol, qui déséquilibre le bilan du maïs mondial, pourrait donc voir ses utilisations industrielles se stabiliser voire décroître légèrement. La campagne 2010-2011 a en effet déjà amorcé cette tendance, la proportion revenant à 41 % après le pic de 42 % l’an dernier aux États-Unis. Le ratio stock-consommation y est descendu dangereusement sous les 10 % durant la dernière campagne. Les bilans sont très serrés et les usines américaines ne sont pas dessinées pour travailler différentes matières premières, ce qui les rend absolument dépendantes du maïs. La spécialisation des outils est bien moindre au Brésil et dans l’Union européenne. Les exportations américaines d’éthanol vers le Canada, mais aussi le Brésil et l’UE (rendues difficiles depuis janvier par le changement du code douanier), devraient brutalement s’arrêter. L’éthanol semble viable cependant, car la loi américaine exige un taux d’incorporation minimal d’un produit d’oxygénation et le MTBE, autre solution, est interdit. Le consommateur américain paiera donc ce que le contribuable ne paiera plus. Et, comme l’éthanol de seconde génération n’est pas prêt, le maïs devrait continuer à s’engouffrer dans les usines au détriment des fabricants d’aliments qui apprennent à diversifier leurs matières premières.