Le biodiesel d’origine animale sur les rails
Parmi les projets d’usines de production de biocarburants récemment agréés par le Premier ministre, Dominique de Villepin, lors de l’inauguration du Mondial de l’automobile, figure trois projets qui fonctionneront avec des graisses animales. L’un se situe à Charny-sur-Meuse (Meuse), les deux autres en Bretagne à Cornillé (Ille-et-Vilaine) et Montoir-de-Bretagne (Loire-Atlantique). Pour ce dernier dossier, il s’agit d’un succès pour Jean Quentin, dirigeant fondateur de Gazoélo à Brest (Finistère) et ancien dirigeant du groupe Jean Caby, qui y a cru dès le départ.
Il a obtenu de son ancien employeur, le groupe porcin Smithfield, la licence exclusive pour la France et la Belgique du process de production d’un diesel à partir de graisses animales. Puis s’est rapproché de Sofiproteol.
« Esthers méthiliques d’huile animale »
C’est avec les financiers de la filière oléagineux en France que Quentin va bâtir cette usine, dimensionnée pour 50 000 tonnes et pour un investissement prévu entre 12 et 15 millions d’euros. Elle fonctionnera en combinant du méthanol (85 %) et des graisses animales (15 %) collectées dans un rayon inférieur à 200 km, explique Jean Quentin.
La collecte des graisses s’effectuera auprès de divers industriels dont M. Quentin tait le nom. « Ce sera des matières du grand Ouest, mais pas à plus de 200 kilomètres, explique-t-il. Elles subiront un pré-traitement pour les débarrasser des particules protéiques en suspension, puis feront l’objet d’une estérification (combinaison chimique avec le méthanol NDLR). »
In fine, ces esters méthyliques d’huile animale (EMHA) seront mélangés aux esters d’origine végétale (EMHV) dans un double objectif : physique tout d’abord car les EHMA seuls ont tendance à durcir au froid ; et de diffusion surtout. Une fois mélangés aux EHMV, les esters d’origine animale pourront être distribués dans le même réseau de distribution de biocarburants.
Jean Quentin précise que les EHMA ne constitueront jamais qu’une « niche » dont le potentiel est estimé à 150 000 tonnes à terme. Soit une goutte d’eau en comparaison des EHMV dont la production devrait atteindre 2,5 millions de tonnes, toujours selon M. Quentin.
Le plan biocarburants en France, annoncé en 2005, prévoit toujours d’augmenter le pourcentage de biocarburants incorporés dans les carburants fossiles à 5,75 % en 2008, 7 % en 2010 et 10 % en 2015, selon le gouvernement. D’autres projets doivent encore être agréés pour y parvenir.