Le Belge CBA ne veut plus de l’artichaut breton
La Sica Saint-Pol, première organisation de producteurs de légumes frais de France (Finistère), a mandaté ses avocats pour faire reconnaître la vente de sa filiale de légumes surgelés, la Compagnie Bretonne de l’Artichaut (CBA), au Belge Ardo, que le n°1 européen du secteur ne veut plus racheter. Cette embarrassante affaire mérite un petit retour en arrière. Il y a quelques semaines, la Sica présentait à ses partenaires l’affaire comme conclue, aboutissement de son retrait définitif de l’industrie du légume pour se centrer uniquement sur le frais. « Nous avons signé un protocole définitif avec Ardo, le 17 février dernier, et les deux seules conditions suspensives(Ndlr : respect de la loi anti-trust et vente de l’activité appertisée à Cecab-d’Auçy) avaient été levées fin mars », affirme aujourd’hui Henri Moal, directeur de la Sica.
La CBA, qui surgèle 20 000 tonnes de légumes compte 200 salariés dans deux usines, Saint-Pol de Léon pour l’artichaut, Plouénan pour tous les autres légumes. Son chiffre d’affaires a atteint 28 millions d’euros en 2003. Mais la société perd de l’argent, même si Henri Moal reste discret sur le sujet. « Les pertes sont récurrentes depuis cinq ans », se contente-t-il de dire, tout en précisant que cette situation n’avait jamais été cachée au repreneur.
La vente définitive devait donc intervenir au début avril. Mais Ardo s’est retiré le 30 mars, quelques heures avant la vente définitive, prévue pour le 1er avril. Pour un double prétexte, selon le directeur de la Sica : Ardo n’avait pas connaissance de l’état des pertes de la société et du niveau de l’outil. Claude Villain, directeur d’Ardo France (3 usines dans le Morbihan, les Landes et le Pas-de-Calais), a indiqué n’avoir aucun commentaire à apporter pour une opération sur laquelle il dit respecter « une clause de confidentialité ». Persuadée d’avoir tranché le dernier lien qu’elle avait avec le secteur industriel, trois ans après avoir cédé la participation qu’elle avait dans une société dédiée au légume en IVe gamme, la Sica va devoir procéder autrement pour céder la CBA. Henri Moal jà une idée : « nous allons redresser (la CBA) de façon drastique, […] il n’y pas d’autre alternative ». Sans préciser les contours de ce plan dont il réserve la primeur aux salariés.