Le Beaujolais s’unit autour du « plan Bollio »
Producteurs, négociants, responsables de la filière et acteurs locaux, tous semblent sur la même longueur d’onde pour tenter de redresser la situation du Beaujolais, aux prises avec une crise qui dure depuis presque six ans. Les symptômes sont connus depuis longtemps : surproduction, hausse des stocks, asphyxie financière des producteurs. Les causes aussi : consommation du vin en baisse, concurrence des vins du sud, qualité pas toujours au rendez-vous. Seul manque le remède, les mesures d’élimination d’excédents, de baisse des rendements ou d’arrachages n’ayant pas enrayé le déclin du marché.
Mais depuis la présentation officielle, vendredi 9 mars, du « plan stratégique pour l’avenir du Beaujolais », ou Plan Bollio, du nom de son auteur Alain Bollio, ingénieur général du génie rural des eaux et forêts, la filière viticole veut croire qu’un renversement de tendance est possible. Ce plan prévoit 26 mesures portant aussi bien sur la gestion de l’offre que l’amélioration des conditions de production et de la qualité, ou sur la commercialisation.
Vers un blanc effervescent ?
Si toutes les mesures n’enchantent pas les responsables viticoles, ils font contre mauvaise fortune bon cœur. « On a fait un gros travail sur la baisse des rendements même si cela n’a pas toujours été très bien compris par les viticulteurs », explique Bruno Matray, président de l’Union viticole du Beaujolais (UVB). « Maintenant il faut faire baisser la densité de 9/10 000 pieds par hectares à 5 000 environ, en faisant tout pour que ce soit les moins qualitatifs qui disparaissent », ajoute-t-il.
La mécanisation des vendanges, qui aiderait grandement à faire baisser les coûts de production, devrait également être autorisée. Des pistes innovantes, comme la production d’un vin blanc effervescent « légèrement sucré à faible teneur en alcool », l’ouverture à d’autres cépages que le gamay, qui représente plus de 90 % de la surface viticole du Beaujolais, sont à l’étude, précise M. Matray. Pour Raynald Stamm, responsable de l’Union des maisons de vins du Beaujolais et du Mâconnais (UMVBM), la réflexion commerciale doit être au cœur du programme.
Il faut « une plus grande lisibilité pour que le consommateur comprenne le produit. On doit simplifier le système avec Beaujolais, Beaujolais Villages, les primeurs et les 10 appellations. A l’étranger personne ne connaît la différence entre un Brouilly et un Côte-de-Brouilly», regrette-t-il. « On pourrait créer pour l’export une + marque + Beaujolais qui serait pour les vins primeurs, Beaujolais Villages pour les vins de garde et Beaujolais 1er cru ou grand cru pour les appellations », avance M. Stamm.
L’organisation interprofessionnelle, InterBeaujolais, a repris la suggestion faite à l’occasion de la visite du ministre de l’agriculture Dominique Bussereau, le 27 février, d’une modification des classifications AOC en créant, par exemple, une Appellation d’origine exceptionnelle (AOE). Il s’agit d'« exister commercialement sans que cela se fasse au détriment de la qualité », lance le président d’Interbeaujolais Ghislain de Longevialle.