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L'aviculture est durablement affectée par la crise aviaire

Si le spectre du H5N1 quitte les assiettes, les opérateurs de la viande de volaille sont loin d'en avoir fini avec la surproduction conjoncturelle. Ils demandent des aides à la mesure de leurs pertes passées et à venir.

Les consommateurs n'ont plus peur de la grippe aviaire, la consommation de viande de volaille se redresse et les poulets fermiers qui ont passé l'hiver en bâtiment réintègrent leurs parcours de plein air… Certains signes extérieurs laissent à penser que la crise aviaire est derrière nous. Il n'en est rien. L'exportation est en panne ; les congélateurs européens contiennent des centaines de milliers de tonnes de viande de poulet et de pintade auxquelles viennent s'ajouter des stocks de la viande de dinde ; les durées de « vide sanitaire » entre bandes semblent incompressibles tandis que les dindes s'éternisent en élevage ; les accouveurs continuent de casser des œufs.

Entre 6 à 10 semaines pour les vides sanitaires

Selon le Comité régional avicole (Cravi) des Pays de la Loire qui rencontrait le préfet de région vendredi dernier, les éleveurs de poulets standards enregistrent en moyenne 6 à 7 semaines de vide sanitaire, en réalité de 3 à 10 selon les éleveurs, qui correspond à une diminution de la consommation de 20 à 25 % selon la FIA (fédération des industriels) ; en poulet label, la consommation qui est remontée est en retrait de seulement 7 %, mais les vides sanitaires tournent toujours autour de 6 à 10 semaines selon les groupements. En poulet export, qui concerne quelque 150 éleveurs de chez Doux, les envois à l'abattoir sont réduits aux trois quarts. Les éleveurs de dinde ont vu les reprises par l'abatteur repoussées de 3 semaines (une dinde femelle étant finie à 13 semaines), ce qui traduit les difficultés à écouler la viande ; les éleveurs de pigeons ont commencé à sacrifier le quart de leurs couples et ils cassent un œuf sur deux.

La Vendée, premier département producteur de pigeonneaux, a déjà constitué le stock prévu pour septembre. Les stocks régionaux de viande congelée dépassent les 30 000 tonnes.

A ces préjudices, il convient d'ajouter l'allégement des densités d'élevage en production Label Rouge, conjointement à l'enfermement en bâtiments.

Les responsables de la filière des Pays de la Loire rappellent avec force la persistance des difficultés. Vendredi dernier, une délégation conduite par le président de la FRSEA Joël Limouzin a rencontré le préfet de région. Elle était constituée d'éleveurs, de responsables des Chambres d'agriculture, de groupements de producteurs, d'entreprises spécialisées, des labels, des filières pigeon et de canards prêts à gaver, ainsi que de représentants des syndicats de salariés des entreprises d'abattage.

4 millions d'euros déjà engagés

Hier, les discours se répétaient à Nantes lors d'une « journée de sensibilisation » organisée par le Cravi (Comité régional avicole) et la FRSEA. « Qu'ils ne nous disent pas qu'il n'y a pas d'argent», prévient une porte-parole du Cravi qui compte bien sur le cofinancement franco-européen de mesures de soutien. Car « il y aura certainement des rallonges à verser » sur les 4 millions d'euros déjà engagés régionalement en faveur des éleveurs. La responsable prévoit une prolongation des vides sanitaires actuels jusqu'au 30 juin, des difficultés pour les couvoirs jusqu'en septembre et pour les éleveurs de dinde jusqu'en octobre. Plutôt épargnés par la crise, les éleveurs de canards prêts à gaver ne disposant pas de bâtiments pour abriter leurs bandes veulent que la DDE accélère la délivrance de permis de construire. De leur côté, les entreprises soutiennent relativement les éleveurs en ne diminuant pas leurs prix de reprise. Seule à le faire, LDC a diminué de 10 euros par tonne en spécifiant sur les contrats la participation à la crise, revenant en fait partiellement sur son augmentation de septembre dernier.

Alors que Dominique Bussereau s'apprête à défendre à Bruxelles un plan de soutien national, des voix syndicales s'élèvent pour mettre un frein aux importations de découpes des pays tiers. De son côté, la Confédération paysanne met en garde la France et l'Union européenne contre la tentation de détruire les stocks cumulés, invitant les pouvoirs publics à opter pour la distribution via les réseaux de solidarité.

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